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Le meilleur paillage pour un jardin potager : comparatif et bilan

le paillage pour un jardin potager

Vous avez entendu parler des divers intérêts du paillage au potager.

Mais, devant la multitude choix qui s’offre à vous, vous êtes bloqué : quel est le meilleur paillage pour mon potager ? Quel est le matériau qui recèle le plus de bénéfices, et le moins d’inconvénients ?

C’est ce que nous allons aborder, après avoir fait une revue générale des intérêts et inconvénients (oui, il y en a !) du paillage, présenter les différents paillis, et évoquer ce qui, selon moi, devrait être le critère principal de sélection.

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Le meilleur paillage pour un jardin potager : comparatif et bilan

Définition du “paillage”

Alors, pour commencer, faisons le clair sur les termes, pour lever toute confusion : que veut dire le mot “paillage” ?

Je vais faire bref :

  • Paillis = mulch (Ils signifient exactement la même chose, ce sont des synonymes) : couche de matériau à but protecteur, posé sur le sol, la terre.
  • Paillage/Mulchage : c’est l’opération qui consiste à étaler une couche de paillis/mulch sur le sol.

Malgré ces définitions, vous verrez, dans la suite de cet article,  que je prends la liberté de parler de “paillage”, même lorsque je devrais dire “paillis”. En effet, on se rend vite compte qu’il est parfois très difficile de choisir quel mot employer dans les contextes ambigûes. Je m’évite donc quelques maux de crânes peu utiles 🙂

 

Pourquoi pailler un potager ? Les avantages du paillage

paillage potager

Regardons ce qu’il se passe dans un environnement naturel : dans un environnement fertile, le sol n’est presque jamais à nu !

Ce modèle se reproduit depuis des milliers d’années, fonctionne très bien, et est totalement autonome !

 

Voilà les deux raisons (pour l’instant simplistes) qui font que “oui, il y a un véritable intérêt à pailler son potager” :

 

  • Ça marche très bien pour créer un environnement fertile pour la pousse de la quasi-totalité des plantes

 

  • Pailler un potager le rend bien plus autonome et résilient !

 

 

On s’appuie en fait directement sur la philosophie de la permaculture, qui propose, entre autres, de s’inspirer pleinement de ce que fait déjà avec brio la nature, depuis des millénaires.

 

 

Mais, le vieux Jeannot va vous dire que, lui, il a toujours cultivé sur sol nu, et qu’il croule sous les légumes.

Sauf que ce que Jeannot ne vous dit pas, c’est qu’il travaille comme une bête, pour extirper des légumes de sa terre nue.

Car le travail que le paillage fait normalement pour vous, Jeannot doit le faire de ses mains déjà bien creusées.

 

Je vous explique :

Quels sont les intérêts d’un paillage (organique) ?

 

Création d’une couche d’isolation thermique pour le sol.

Cela apporte notamment de grands bénéfices en hiver, en permettant au sol de bénéficier d’un à deux degrés supplémentaires par rapport à un sol non paillé, ce qui :

– permet à la vie du sol de conserver un niveau d’activité supérieur

– permet la constitution progressive d’un sol plus riche (du fait de cette vie du sol plus active qui œuvre à la décomposition du paillage)

– permet de protéger les systèmes racinaires du froid (pour les vivaces et les jeunes arbres)

 

 

Limitation du lessivage des éléments minéraux du sol par les pluies

La présence des minéraux dans le sol est essentielle au bon développement des plantes, et le paillage limite leur lessivage.

Il limite aussi l’érosion de ce sol, chose absolumeent nécessaire à la construction, sur plusieurs années, d’un sol de plus en plus fertile.

 

Forte limitation du compactage du sol

L’impact des gouttes d’eau sur une terre nue joue sur le compactage d’un sol. Sur les terres limoneuses, il mène à la création d’une “croûte de battance”, un tassement superficiel qui limite l’inflitration de l’eau et de l’air dans le sol, et dont les conséquences sur les cultures ne sont pas négligeables.

Sur un sol paillé, les gouttes d’eau seront amorties par la couche de matière organique, et ruisseleront en douceur dans le sol. Diminuant grandement les risques de compactage.

 

Augmentation du taux d’humidité du sol

La couche formée par le paillage retient l’humidité au sol.

Ce qui permet :

– de diminuer, voir (selon les régions) de supprimer l’arrosage, même en plein été.

– de favoriser le développement de la vie fongique et microbienne (qui aiment les environnements humides). Ceux-ci ont un intérêt majeur au potager.

 

 Apport de matière organique décomposable au sol 

Présence d’un paillage organique au sol = présence de nourriture disponible pour la vie du sol.

Cette vie du sol bénéficiera donc de cette couche de matière organique.

En outre, en “digérant” cette matière organique, les organismes du sol restituent à la terre des nutriments essentiels aux plantes, qui étaient contenus dans cette matière.

Le sol est donc continuellement nourri, enrichi.

 

Diminution de la pousse des adventices

La présence d’un paillage, suffisamment dense ou épais, coupe l’accès à l’énergie solaire pour les éventuelles graines d’adventices (qu’on appelle aussi “mauvaises herbes”) qui se trouvent sur le sol de notre potager. Cela empêche la germination de ces graines.

Ce qui permet d’éviter, au printemps, d’effectuer de potentiels désherbages.

Pour les plantes vivaces et les jeunes arbres, pailler autour des pieds (pour les jeunes arbres) ou des plantes (pour les vivaces) a l’avantage, en diminuant cette poussée d’adventices, de limiter la concurrence directe pour les nutriments du sol, et donc de favoriser le développement de ces vivaces ou jeunes arbres.

 

Protection de la vie du sol des rayons du soleil direct

Les rayons ultraviolets, contenus dans le spectre de la lumière naturelle (solaire), sont défavorables au développement de la vie fongique et bactérienne.

Ce rayonnement solaire direct aurait aussi tendance à rendre le sol plus dur et compact.

 

Favorisation du développement de la macrofaune et des insectes

Cachettes, protection… Mais aussi plus spécifiquement des vers de terres, qui ont besoin d’un sol décompacté pour s’installer. Vers de terre dont la présence à de nombreuses répercussions positives, notamment sur l’augmentation importante de la capacité d’absorption de l’eau du sol (qui permet donc de moins arroser, tout est lié ;), et sur la décompaction de ce sol (c’est un cercle vertueux).

 

 

Le travail supplémentaire de ceux qui jardinent sans paillage

jardinier qui jardine sans paillage

Jeannot trouve cette “mode des paillage” à la fois étrange et bizarre.

Tous les bénéfices expliqués ci-dessus, sont présents dans un environnement naturel au sol couvert, et au sein d’un jardin paillé.

Tous ces bénéfices, Jeannot devra les remplacer, d’une manière ou d’une autre, essentiellement par du travail :

 

  • Avant chaque nouvelle plantation, Jeannot devra désherber son sol, puis le décompacter (si vous l’avez déjà fait, vous savez quelle quantité de travail ces deux choses peuvent représenter)

 

  • Il devra épandre régulièrement de l’engrais sur son sol, pour ré-enrichir une terre qui se vide progressivement de ses nutriments essentiels aux plantes.

 

  • Il devra arroser bien plus qu’une personne ayant un sol paillé : car le taux d’humidité (et la rétention d’eau) du sol de Jeannot sera bien plus bas que pour un sol paillé, et l’eau s’infiltrera aussi bien plus difficilement que dans un sol paillé, du fait d’un compactage plus rapide et important.

 

  • Le sol de Jeannot n’ayant aucune couverture isolante, le changement de température sur le changement de saison automne-hiver est plus brusque, les températures au sol sont plus basse en hiver, et les racines moins bien protégées : résultat : les plantes de Jeannot sont plus sensibles au gel.

 

Bref… Vous l’avez je pense compris : les intérêts du paillage sautent aux yeux. Il serait dommage de se passer d’une composante si essentielle à un potager productif, autonome, et résilient.

 

Tout de suite, un petit résumé-vidéo en moins de 1 minute, avec Jeannot !

 

 

Mais, un paillage peut aussi avoir des inconvénients, que Jeannot ne manquera pas de relever, et il a raison :

 

Les inconvénients du paillage

les rats taupiers aiment le paillage

 

Voici quelques inconvénients du paillage que Jeannot pourrait relever, à juste titre :

  • Il faut faire attention, en paillant, à ce que de la matière organique azotée ne se retrouve pas privée de contact avec l’air (en se retrouvant en trop gros tas compact, ou sous une autre matière organique lourde et compacte) : une fermentation anaérobie (c’est-à-dire littéralement sans air) peut avoir lieu (elle est de plus favorisée si la matière en question est humide), ce qui peut causer asphyxies et nécroses sur certains végétaux. Par exemple, si vous enterrez de la tonte de gazon humide sous une épaisse (épaisse) couche de foin, une fermentation anaérobique peut avoir lieu.

Pour éviter cela, et si vous tenez vraiment à utiliser ce type de paillage, il faudra permettre à l’air de s’infiltrer un peu partout dans la couche de paillis : par exemple, dans ce cas, intégrer des éléments secs et grossiers à la première matière organique permet cela, en créant ce type “d’infiltration” d’air dû à l’irrégularité du mélange.

 

  • Certains végétaux supporteraient mal le paillage : il s’agit des végétaux hydrophobes (ceux qui ne demandent pas beaucoup d’eau), reconnaissables par leur bulbe : oignons, ails, échalotes, …

EDIT : il semblerait qu’il n’y ait pas de consensus à ce sujet, certains jardiniers utilisant des paillages de près de 10 cm avec ce type de plantes. Je laisse l’info telle quelle avant d’avoir plus de sources.

 

  • Le paillage, qui conserve l’humidité, est un environnement souvent apprécié des limaces, ce qui peut donc les tenir à proximité de vos plantes potagères.. Mais le paillage est aussi un gite à nombreux de leurs prédateurs naturels (il faut parfois attendre quelques années que l’équilibre se mette en place).

 

  • C’est aussi un environnement apprécié des campagnols, qui peuvent plus facilement camoufler leurs trous de galerie de la vue des prédateurs. Là, par contre, le paillage ne constitue pas un gîte à leurs prédateurs naturels (mustélidés, rapaces, renards, … ne vivent malheureusement pas dans un paillage)

 

À moins que vous soyez en permanence envahis de campagnols, il me semble bien que les inconvénients du paillage ne fassent pas le poids face à ses bénéfices, et au travail que cela nous épargne.

 

 

 

Les différents paillages

différents paillage au potager

Quels sont les différents paillages que l’on peut trouver, pour un potager ?

Il y en a de nombreux, je vous en cite quelques-uns (avec entre parenthèse, leur rapport C/N, que l’on aborde plus bas) :

 

  • Paille (rapport C/N entre 50 et 150, en fonction du type de paille)
  • Foin (entre 20 et 30)
  • Chanvre (65-90)
  • Lin (160)
  • BRF (200-500)
  • Aiguilles de pin brunes (80)
  • Le carton sans colle ni encre (200 ou plus)
  • Les déchets de cuisine (compostage de surface) (10-25)
  • Tontes de pelouse (10)
  • Feuilles mortes tendres (souvent issues de fruitiers) (25/30)
  • Feuilles mortes coriaces (chêne, platane, hêtre, …) (50/60)
  • Paillis minéraux (pouzzolane, billes d’argiles, ardoises concassées, …) (-)
  • Les bâches plastiques (-)

 

(pour le choix du meilleur paillage, j’élimine d’office les deux derniers pour utilisation par un particulier, car aucune favorisation de la vie du sol, et aucun apport de nutriment à ce sol : ce n’est (selon moi) pas une démarche de potager autonome)

Pour entrer légèrement plus dans le détail, voici une revue de certains de ces paillage :

 

La paille

paille comme paillage

La paille, sûrement le paillage le plus connu et utilisé par les jardinier.

Elle a l’avantage d’avoir un prix peu élevé, d’être facillement disponible près de chez nous, et de former une couverture durable sur le sol d’un potager, bloquant assez longtemps la pousse des adventices, relativement à d’autres matières organiques qui “disparaissent” plus vite, digérées par la vie du sol.

Mais, elle a pour principal inconvénient un rapport C/N (rapport carbone/azote) compris entre 50 et 100, et donc déséquilibré (trop carboné) : ce déséquilibre peut, dans certains cas, mener à une faim d’azote (manque d’azote dans le sol) pour les plantes, notamment en début de saison, où celui-ci se fait rare.

Un autre inconvénient est le fait que les champs de céréales d’où provient la paille sont parfois traités à l’aide de fongicides, et que des résidus de ces produits peuvent donc s’y trouver. Ce qui aura bien sûr des effets indésirables sur la vie de notre sol, en perturbant le développement des champignons digestifs (ceux qui digèrent la matière organique) et mycoriziens (ceux qui créent un lien entre les racines des plantes et les ressources nécessaires à ces plantes).

Le foin

paillage de foin

La où la paille est constituée des tiges creuses et fibreuses des céréales, le foin, lui, se compose de tout un panel d’herbes de prairies (tiges, fleurs, et graines)

Un des avantage du foin, c’est donc déjà la richesse de cette matière en nutriments essentiels aux plantes.

Un second avantage du foin, c’est son rapport C/N équilibré, valant entre 20 et 30.

Le foin est aussi souvent produit localement, assez facilement disponible, et relativement peu cher (bien qu’un peu plus que la paille).

 

Les détracteurs du foin lui reprochent le fait de contenir des graines d’adventices ayant la possibilité d’être introduites dans votre jardin.

Mais cela n’est pas réellement un problème lorsque la couche de foin mise sur le sol est d’une épaisseur suffisante (20 cm tassés), car alors les graines ne germeront pas, coupées ainsi de l’énergie solaire.

On peut aussi se dire que le foin utilisé comme paillage ne pourra pas être utilisé pour le fourrage des animaux, un point intéressant.

 

Les feuilles mortes

feuilles mortes comme paillage

Quoi de mieux que d’utiliser les ressources produites par le jardin ?

Les feuilles mortes peuvent être utilisées comme paillage, elles aussi, et disposent comme principal intérêt d’être une ressource locale et gratuite.

Les feuilles coriaces (chêne, chataigner, …) ont un rapport C/N déséquilibré (entre 50 et 60), et se décomposent lentement.

Mais les feuilles tendres, comme les feuilles de fruitiers par exemple, ont un rapport C/N équilibré (entre 25 et 30), et se décomposent assez vite.

Un inconvénient important, c’est que ce paillage n’est pas le plus pratique : les feuilles s’envolent, s’éparpillent, et les adventices percent parfois facilement au travers si la couche n’est pas suffisante.

Le BRF

le brf comme paillage

Le BRF, Bois Raméal Fragmenté, est constitué de coupes de rameaux verts de diamètre inférieur à 7cm, passés au broyeur.

Etalé sur le sol, le BRF aura pour intérêt de stimuler la vie fongique (les champignons), tout en étant un matériau assez riche en nutriments.

Son ratio C/N est élevé (entre 200 et 500), et il pourrait causer des faims d’azote, surtout s’il a été incorporé au sol (ce qu’il faut éviter).

Mais le débat fait rage à ce sujet, et tous ne sont pas d’accord.

Un défaut du BRF est aussi le fait qu’il est plus difficile de se procurer ce matériaux que d’autres. Et, si nous décidons de produire nous-même notre BRF, nous devons investir dans un broyeur, et cette activité est très chronophage.

Les herbes de tonte

herbes de tonte paillage

Si vous avez de l’herbe de tonte à disposition, il serait dommage de ne pas s’en servir comme paillage !

L’herbe de tonte sera “digérée” très rapidement par la vie du sol, et sa durée de vie comme protection du sol n’est donc pas longue.

Mais elle ne doit pas être utilisée seule en paillage, mais plutôt être un complément à un paillage plus carboné et plus durable.

L’herbe de tonte est en effet très riche en azote, et elle pourra compenser un éventuel effet dépressif (c’est à dire réuduction du taux d’azote dans le sol) causé par la matière carbonée.

Attention à ne jamais déposer l’herbe de tonte en un tas trop épais : l’intérieur du tas risquerait de fermenter.

Le lin

lin paillage

Des paillettes de lin sont vendues comme paillage pour potagers.

Elle sont carbonées (rapport C/N d’environ 160), mettent assez de temps à se décomposer, et sont assez chères.

À vrai dire, je ne vois pas d’intérêt particulier à utiliser ce matériau de paillage.

Le chanvre

chanvre paillage potager

Un paillage de chanvre a des propriétés similaires au paillage à base de lin : carboné (rapport C/N compris entre 65 et 90 – bien que moins que le lin), assez lent à être “digéré” par la vie du sol, et assez cher.

Je ne vois pas, non plus, d’intérêt spécifique à son utilisation.

Le miscanthus

paillage de miscanthus

Le miscanthus est cette plante à plumeaux que l’on voit souvent dans les parcs.

Son feuillage peut, comme toute matière organique, être utilisée en paillage !

Utilisé vert, son rapport C/N ne sera pas trop déséquilibré, et la quantité de biomasse (masse végétale) que l’on peut récupérer sur ces plantes est assez importante !

Voilà, selon moi, les principaux intérêts du paillage au miscanthus : un matériau que l’on peut produire gratuitement chez soi, et qui, utilisé vert, n’aura pas d’effet dépressif !

Quand à ses inconvénients, je dirais que le principal est qu’il devient rapidement compliqué de produire suffisamment de matière pour la mise en place d’une couche suffisamment épaisse pour empêcher les adventices de germer et pousser.

Les cheveux

paillage cheveux

Une start-up (capillum.fr) a le super projet de développer des paillages à base de cheveux recyclés.

Ce paillage bénéficie des mêmes propriétés que de nombreux autres paillages (isolation thermique, blocage des adventices, nourriture pour la vie du sol, …).

Son rapport C/N serait compris entre 8 et 12, selon les sources : c’est en effet un matériau très riche en azote, car il est très riche en kératine, qui est une protéine (et les protéines sont riches en azote).

C’est donc un paillage qui sera “digéré” aussi rapidement que les tontes de pelouses, il disparaîtra rapidement, et il ne bloquera donc plus longtemps la pousse des adventices.

Mais comme les tontes, c’est un excellent paillage à combiner avec un matériau carbonné comme la paille.

Je me pose tout de même une question : est-ce vraiment un matériau sain et sans risque pour notre jardin ? QUID des teintures, résidus de gel, cire, etc.. ?

Et puis, dernière chose : même s’ils l’annoncent comme tel, ce paillage ne protégera malheureusement pas vos plantes des limaces et escargots : vous pouvez voir ici un test d’efficacité d’une barrière à base de poils, censé normalement être plus efficaces que les cheveux.

Spoiler : une fois humide, les limaces se balladent (et les limaces sortent par temps humide).

 

L’ardoise et autres paillages minéraux

un paillage en ardoise

Pour ces matériaux-là aussi nous parlons de paillage !

Mais ils trouvent uniquement leur place dans un jardin d’ornement ou au sein de massifs de vivaces, car ils ne peuvent pas être digérés par le sol et sa vie.

Toutefois, en plus de donner un certain aspect esthétique, ces matériaux remplissent différents critères (les avantages du paillages, listés plus haut) de préservation de la structure de la terre.

Ils créent aussi une protection isolante, selon l’épaisseur mise en place.

 

Les copeaux de bois et écorces de pins

paillage copeaux de bois

Il en va de même pour ces matériaux, qui sont si carbonés et longs à se dégrader qu’ils doivent être conservés pour le jardin d’ornement.

 

 

Maintenant, venons-en à la question que vous attendez tous :

 

Quel est le meilleur paillage pour un potager ?

C’est une question que je me suis posée, il y a quelque temps.

 

Selon mes lectures et recherches, il y en a deux : Le foin, ou alors une association de matières organiques du jardin donnant un rapport C/N équilibré.

 

Je m’explique :

 

Le rapport C/N d’un bon paillage

Un paillage idéal a un rapport C/N (la quantité de carbone potentiellement libérable / la quantité d’azote potentiellement libérable) équilibré : c’est-à-dire compris en 25 et 30 (source : la permaculture au jardin de Damien Dekarz).

L’utilisation d’un paillage équilibré est importante, pour que les micro-organismes décomposeurs du sol puissent décomposer progressivement cette matière organique (décomposer le paillage en question, donc), sans mobiliser l’azote du sol dans ce but.

 

Et oui, car les organismes décomposeurs ont besoin d’azote pour décomposer de la matière organique carbonée.

Mais aussi, plus la matière en question sera carbonée (taux C/N élevé), plus les organismes décomposeurs auront besoin d’azote pour mener à bien le processus de décomposition.

 

Pour des matières organiques dites équilibrées (rapport C/N compris entre 25 et 30 donc, si vous m’avez suivi), les micro-organismes trouvent l’azote nécessaire à leur décomposition dans ces matières même.

Pour des matières organiques carbonées (rapport C/N élevé), l’azote contenu dans ces matières-là ne suffit pas aux micro-organismes pour mener à bien le processus de décomposition.

 

Que vont-ils donc faire, ces petits microbes ?

 

Et bien… ils vont piocher l’azote là où ils le trouvent : à savoir … dans votre sol !

 

L’inconvénients des paillis trop carbonés

paillage carboné

Les paillis trop carbonés peuvent, de cette manière, faire chuter le taux d’azote de votre sol durant le processus de décomposition de ce paillage…

… Ce qui pourrait causer, selon les cas, des carences d’azote pour vos plantes. C’est ce que l’on appelle la “faim d’azote”.

((Attention tout de même, car, dans le cas d’un paillis carboné, c’est en fait un peu plus compliqué : le rapport C/N d’une matière organique baisse au fur et à mesure de sa décomposition. De plus, si ces carences d’azote peuvent être plus un frein à la germination et aux jeunes pousses, il n’en est pas de même pour les arbres et vivaces souvent fortement mycorhizés : vous verrez d’ailleurs que l’on paille ainsi souvent les plantes vivaces et arbustes avec de la matière très carbonée, on revient là-dessus plus loin)).

 

 L’inconvénient des paillis trop azotés

herbes de tonte paillage

Concernant les paillis trop azotés (rapport C/N compris entre 20 et 30), leur inconvénient est double :

 

  • Ils se décomposent très vite, ce qui oblige un apport vraiment régulier (donc moins d’autonomie pour le potager, demande plus de travail)

 

  • Leur décomposition offre très peu de “matière” (le carbone), utile à la création d’un humus décompacté. C’est essentiellement des “nutriments” qui sont libérés.

 

Si vous m’avez suivi, vous savez donc maintenant qu’un bon paillage pour le potager a un rapport C/N équilibré.

Ce qui exclu une grande majorité des paillis cités plus haut.

Il ne reste que le foin, et les feuilles mortes tendres.

Ce sont les seuls paillis, qui, continuellement en place, associeront création d’un bel humus décompacté, et équilibre azoté du sol.

 

 

 

“Mais”, allez-vous me dire, “et si on combine un paillis azoté/une matière organique azotée avec un paillis carboné ?”

 

 

 

Et bien, oui, ça marche !

Par exemple, du fumier de ferme frais mélangé à une bonne quantité de paille, aurait un rapport C/N de 30, selon Wikipédia (je ne suis pas allé vérifier précisément ce chiffre, cela doit bien être dans ces eaux-là)

Si vous avez des arbres à feuilles coriaces ou des aiguilles de pins, chez vous, il peut donc être une très bonne idée, une fois celles-ci mortes, plutôt que de les bruler, de les utiliser en paillage, combinées avec une matière organique plus azoté : des déchets de cuisines, ou de la tonte de pelouse, par exemple, que vous mélangerez avec les feuilles, ou ajouterez progressivement !

 

 

Et puis, vous pouvez faire vos propres mélanges ! Mais je n’en vois pas d’autres que j’aimerais citer, je ne vois pas beaucoup d’intérêt à investir dans des paillis “exotiques” tels que certains cités dans la liste plus haut. Tant qu’à faire, utilisons ce que le jardin produit, ou ce qui est produit à proximité !

 

Je vais donc élargir un peu ma liste de paillis gagnants :

 

Liste des paillages gagnants

Suite aux derniers paragraphes, je vais donc élargir la liste de mes paillages gagnants :

  • Le foin
  • Les feuilles mortes tendres
  • Du fumier frais mélangé à une bonne quantité de paille (très utile si vous avez des poules ou autres animaux chez vous)
  • Des feuilles mortes coriaces associées à un apport régulier de déchets de cuisine

 

Personnellement, j’utilise soit le premier de ces paillis, soit le 4ème (j’utilise le foin pour compléter mon déficit de feuilles mortes, et c’est parfois aussi plus simple que de faire attention à la bonne répartition (temporelle et spatiale) des déchets de cuisines dans le paillis de feuilles).

 

Didier Helmstetter, auteur du “potager du paresseux”, utilise uniquement du foin, qu’il laisse en continu, et ses résultats sont étonnants, avec très peu de travail.

Ruth Stout, une américaine du début du vingtième siècle, surnommée la “reine du paillis”, appréciait elle aussi particulièrement le foin, qu’elle préconisait dans ses livres.

 

À noter, que le foin est aussi un paillage très riche (et même le plus riche, selon les calculs de Didier Helmstetter) ! Celà veut dire qu’il contient une grande quantité d’éléments nutritifs potentiellements libérables lors de sa dégradation.

 

La richesse du paillage (en éléments essentiels libérables : NPK, …), c’est en effet un autre point à prendre en compte…

 

Je ne le détaille pas ici, sinon vous n’en finirez jamais de lire cet article.. Mais sachez que le foin est bien plus riche que la paille, par exemple : logique, d’ailleurs, si l’on y pense : la paille est composée de la tige, partie pauvre d’un plant de céréale (sur lequel tout est concentré dans la “tête”, l’épi, que l’on garde pour nous, les hommes).
Le foin, au contraire, c’est l’intégralité des plants (divers et variés) d’une prairie. C’est assez logique que le foin contienne bien plus de nutriment que la paille !

 

A propos de l’importance d’un rapport C/N équilibré discuté plus haut :

Attention : Pour du paillage de jeunes arbres, arbustes, haies, certains vivaces, … Un paillage carboné (et même très carboné) fait souvent l’affaire, du fait du système racinaire profond de ces végétaux, comme vu plus haut. Vous pouvez ainsi pailler avec du BRF, par exemple, qui offrira une bonne rétention de l’humidité, une bonne stabilité, et ne sera à renouveler que très rarement.

 

 

En pratique : achat du paillage, mise en place, plantation des plantes.

paillage foin

Il faut tout d’abord vous procurer le matériau à utiliser en paillis, bien sûr. Je vais me concentrer ici sur le cas du foin, car il fait partie des gagnants les plus faciles à utiliser (les feuilles mortes, vous savez où les trouver 😉 )

 

 

Manière de se procurer du foin :

se procurer paillage de foin

Il faudra pour cela dénicher un agriculteur/éleveur d’animaux/particulier faisant son foin, apte à vous en vendre ou à vous donner le nom de leur fournisseur.

Questionnez d’abord vos amis potagistes, qui savent peut-être déjà où en trouver !

Tapez sinon simplement “foin + nom de votre ville” sur google, il y a des chances que vous trouviez quelque chose !

 

 Et, combien ça coûte ?

C’est un des paillis les plus bon marché :

Il faudra compter entre 20 et 40 € pour un ballot rond d’environ 150 kg
Ou entre 2 et 4 € la botte de foin d’environ 10 kg

 

Méthode de mise en place du paillage. Quelle quantité en disposer ?

Pour qu’un paillage soit efficace, notamment dans un but d’isolation thermique et de rétention d’eau, il faut en apposer une couche importante : pour du foin, Didier Helmstetter conseille d’en mettre une couche de 20 cm tassée. Vous verrez, ça paraît énorme, et on est tenté d’en mettre moins : mais il ne faut pas, et après une semaine ou deux, tassé encore plus par les pluies, la couche de 20 cm à déjà bien baissée.

Pour l’utilisation d’autres paillis, il faudra toujours viser les 15-20 cm.

Mais, pour un paillis très carboné tel que du BRF pour une haie, vous pouvez en mettre moins : 10 cm (voir moins) seront suffisants.

 

Méthode pour planter dans un paillis en place :

Il faudra laisser le paillis en place tel qu’il est, et le dégager par endroit pour créer le trou de plantation. Pour un paillage de foin qui aura été disposé en “tranches”, le plus simple est de découper le foin avec un couteau à pain, pour pouvoir créer ce trou de plantation. Vous verrez, c’est facile.

 

 

Le meilleur moment pour pailler son jardin potager :

période de l'année pour mettre en place un paillage

Toute l’année, sauf du milieu de l’hiver au début du printemps !

En effet, la terre se refroidie en hiver, et ce n’est pas le moment de poser une couche isolante par-dessus, car on veut qu’elle se réchauffe au plus vite, une fois le printemps venu ! C’est comme si vous sortiez une bouteille d’eau du frigo, mais qu’elle trop froide pour vous, et que vous voulez attendre qu’elle se réchauffe. La solution serait de laisser la bouteille à l’extérieur, au soleil, et d’être patient. Pailler votre terre au début du printemps, c’est comme si vous mettiez cette bouteille dans un thermos !

Foire aux questions fréquentes

Comment choisir son paillage ?

On l’a pas mal vu dans cet article :

Selon moi, la première chose à savoir, est si votre paillage est destiné à un jardin d’ornement ou un potager.

Dans le premier cas, tournez-vous vers des matériaux très durables, comme le BRF, écorces, les paillis minéraux.

Pour un potager, tournez-vous plutôt vers les paillis dont le rapport C/N est équilibré.

 

Pour un potager toujours, parmi tous les paillis disponibles, les autres critères seront l’intérêt même du paillis (on a vu qu’ils pouvaient être plus ou moins intéressants), sa disponibilité, et son coût, principalement !

Combien de temps dure le paillage au potager ?

Ça dépend du matériau utilisé ! En règle générale, plus le paillis a un ratio C/N élevé, plus il durera longtemps :

Quelques semaines pour l’herbe de tonte et les cheveux, quelques mois pour une belle couche de foin, une saison voir plus pour une belle couche de paille, et plusieurs saisons pour un belle couche de BRF !

Mais, la durabilité du paillage dépend aussi du niveau d’activité biologique de votre sol. Plus il sera important, plus le paillage sera rapidement “digéré”, et donc plus il disparaîtra vite !

Quel est le coût moyen d’un paillage pour potager ?

C’est bien trop variable pour pouvoir donner une réponse exacte, mais voici des coûts estimés, au mètre carré :

  • Foin : de 1 à 5 €/m²
  • Paille : de 0,5 à 2 €/m²
  • Lin : de 5 à 10 €/m²
  • Chanvre : de 5 à 10 €/m²

Pour finir

Pour finir ce long article sur le paillage au potager, et comme conclusion, je vous propose 2 vidéos en lien, de moins d’une minute chacune, juste ci-dessous.

Quel est le meilleur paillage ?

Démarrer son 1er potager, en 60 secondes chrono

La faim d’azote peut nuire à vos récoltes (et explication rapide du rapport C/N)

Je vous propose aussi de ne pas repartir les mains vide. 

Téléchargez (au choix, ou les deux) mes PDF gratuits sur l’utilisation intelligente de la cendre et du marc de café au jardin : 

 Robin

Mes deux premiers potagers ont été de vrais fiascos.

Je m'étais appuyé sur des "guides potager" simples, faciles... Mais trop superficiels.

Je ne comprenais pas vraiment ce que je faisais.

J'obéissais bêtement à des "règles" dictés par certains.

Depuis, je cherche à comprendre.

Car ici, c'est le potager du POURQUOI. 

On se pose et se repose cette question, toujours, à chaque fois que l'on nous dit ce que nous devrions faire.

Pour être autonômes, libres, et confiants dans ce que l'on fait.

Et on se base, au maximum, sur des sources scientifiques. Ou très sérieuses.

Cliquez ici pour connaître l'histoire qui m'a mené ici..

filet à limaces en cuivre

Le filet à limaces : faites enfin la paix définitive avec les limaces.

Déjà 800 filets adoptés !

Les Formations

Des condensés d'informations uniques.

Que vous allez adorer.

illustration des différentes espèces de limaces

Formation continue : Apprenez, avec moi et en même temps que moi, les bases profondes pour créer un potager autonôme et productif.

Prix : gratuit

Le potager permacole : selon moi le meilleur magazine de jardinage du moment. À prix libre.

Articles en lien avec celui-ci (cliquez sur les images) :

marc de café pour les plantes
cendre dans le potager
urine au potager
peau de banane pour les plantes
le paillage au potager

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    • 6 mois ago

    Bonjour
    Mille fois bravo pour votre approche très documentée. Une question à propos du foin : garde-t-il ses qualités s’il reste entreposé au sec quelques années ?
    Merci et bien cordialement
    Serge

      • 6 mois ago

      Bonjour Serge, merci pour votre message 🙂 Oui, tant qu’il n’est pas à l’humidité, il gardera ses propriété, même s’il commencera tout doucement à se décomposer
      Bonne journée
      Robin

    • 1 an ago

    Bonjour,
    J’ai du Brf de lauriers fleurs, peut on l’utiliser au potager ?
    Merci

      • 12 mois ago

      Bonjour, je ne peux rien vous répondre de précis, je n’ai pas trouvé d’info solide sur le sujet..

    • 1 an ago

    Merci très bon article. J’ai du BFRQ déjà décomposé, un tas, qui a l’apparence du foin, un autre un peu moins décomposé mais en très bonne voie. Leur rapport c/n est donc plus bas. Vous avez une idée de leur C/N ? Merci

      • 1 an ago

      Bonjour, merci ! Très difficile d’estimer un rapport C/N dans ce cas. Mais comme vous le dites, il se rapproche d’un C/N équilibré au fur et à mesure de sa décomposition. Très bien décomposé, il peut peut être aller chatouiller les 30.

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