Paillage en copeaux de bois pour le potager : intérêts, précautions et guide d’utilisation
Le paillage est bien plus qu’une simple couverture esthétique pour le sol du potager. Il y apporte de très nombreux bénéfices, dont il serait dommage de se priver.
Parmis les paillages les plus utilisés se trouvent les copeaux de bois, pourtant mal connus (même par de nombreux jardiniers qui les utilisent).
Voici un tour d’horizon de ce paillage, pour apprendre à le connaître, et donc savoir en extraire tout le potentiel sans tomber dans les pièges qu’il présente.
Si cela vous dit, c’est parti !
Qu’est ce que le paillage en copeaux de bois ?
Le paillage en copeaux de bois est une technique de jardinage qui consiste à étendre une couche de copeaux de bois à la surface du sol. Cette couche a pour fonction de protéger, enrichir et améliorer la structure du sol. Le paillage (de manière général) a plusieurs avantages tels que :
Conservation de l’humidité : Il réduit l’évaporation de l’eau, permettant de garder le sol humide plus longtemps.
Régulation thermique : Il protège le sol des variations extrêmes de température, notamment le refroidissement en hiver et la surchauffe en été.
Suppression des “mauvaises herbes” : Il empêche ou limite la croissance des mauvaises herbes en les privant de lumière.
Enrichissement du sol : En se décomposant, les copeaux de bois apportent des matières organiques au sol, améliorant ainsi sa fertilité.
Copeaux de bois, de quoi s’agit-il exactement ?
Dans le contexte du jardinage, les copeaux de bois sont des morceaux de bois généralement fins et irréguliers provenant de la coupe du bois, d’élagage, de broyage. Ils peuvent être utilisés tels quels ou compostés avant d’être utilisés comme paillage.
L’appelation “copeaux de bois” est parfois remplacée par celle de “broyat”, terme plus utilisé dans le milieu du jardinage.
On utilise jamais de sciure ou de copeaux de rabottage pour du paillage : il s’agit en effet de bois de coeur d’arbre, bien trop carboné et pauvre en nutriments.
Les 3 différents types de copeaux de bois pour le paillage
BRF (Bois Raméal Fragmenté)
Ce sont des copeaux issus de la fragmentation des rameaux frais (jeunes branches) d’arbres de diamètre inferieur à 7 cm. Certains jardiniers clament le fait que le vrai BRF, encore vert, ne créerait pas de faim d’azote. Mais j’ai discuté avec d’autre maraîchers qui disaient le contraire. Donc méfiance, le sujet n’est pas limpide..
Le broyat de bois sec
Ces copeaux de bois sont, comme leur nom l’indique, issus du broyage de bois sec, et donc non vert.
Il est plus carboné que le BRF, et donc plus probable d’entraîner des faims d’azote en début de déomposition au début du printemps.
Le broyat mixte
Il s’agit simplement d’un mélange de BRF et de broyat sec, que l’on retrouvera parfois.
Il est important de noter que, bien que les copeaux de bois soient globalement bénéfiques pour le sol, l’utilisation excessive ou l’incorporation profonde de gros copeaux peut entraîner une immobilisation temporaire de l’azote dans le sol, ce qui peut affecter la croissance des plantes (faim d’azote), notamment au début du printemps. Il est donc recommandé de les utiliser judicieusement et, si possible, de les composter avant leur utilisation pour éviter ce problème.
Un quatrième paillage à base de copeaux de bois peut ainsi voir le jour : le paillage en copeaux de bois compostés.
Les avantages du paillage à base de copeaux de bois
Conservation de l’humidité
Explication de la capacité des copeaux à retenir l’eau :
Les copeaux de bois agissent comme une couverture protectrice sur le sol, réduisant l’évaporation directe de l’eau. En raison de leur structure fibreuse, ils peuvent également absorber et retenir l’humidité en bonne quantitée, ce qui crée un microclimat humide directement au-dessus de la surface du sol. Ceci est bénéfique pour le sol et les plantes, en particulier pendant les périodes sèches.
Régulation thermique
Comment les copeaux de bois protègent les plantes des extrêmes de température : Les copeaux de bois fournissent une isolation naturelle. Pendant l’été, ils créent une couche isolante humide qui limite la pénétration de la chaleur dans le sol, gardant ainsi les racines des plantes et le sol au frais, et limitant l’évaporation au sol. Pendant l’hiver, ils jouent le rôle inverse en retenant la chaleur, protégeant les racines et le sol du froid et du gel.
A noter que la régulation thermique est un bénéfice qu’offrent tous les paillis organiques traditionnels pour potagers, et que l’isolation thermique apportée par un paillage à base de copeaux de bois est moins importante que celle d’un épais paillage à base de foin ou de paille.
Contrôle des adventices
Le rôle des copeaux comme barrière contre les “mauvaises herbes” : En étant étalés sur le sol en une couche épaisse, les copeaux de bois privent les “mauvaises herbes” de la lumière nécessaire à leur germination et leur croissance. De plus, cette couche physique rend difficile la pénétration des jeunes pousses de mauvaises herbes à travers le paillage, les empêchant ainsi de s’établir.
A noter que, comme un paillage de bois s’utilise presque toujours en couche relativement fine (afin de limiter les effets potentiels de faim d’azote), le contrôle des adventices est aussi moins importants que pour un épais paillis de paille ou de foin.
Enrichissement du sol et amélioration de sa structure
La décomposition progressive des copeaux et son impact sur la fertilité du sol : Avec le temps, les copeaux de bois commencent à se décomposer sous l’action des micro-organismes, des champignons et des insectes décomposeurs. Cette décomposition libère des nutriments dans le sol.
En outre, la décomposition des copeaux améliore la structure du sol en augmentant fortement sa teneur en matière organique (appelée aussi taux en substances humiques ou humus). Cela améliore sa structure et donc ses propriétés, comme sa capacité de rétention d’eau, la stabilité de sa structure (résistance à l’érosion), et sa porosité, ce qui favorise notamment un enracinement plus profond des plantes et une vie du sol plus riche et active.
A noter que le paillage aux copeaux de bois est le paillage favorisant le plus la vie fongique de sol (les champignons se nourrissent de bois), et donc le développement de réseaux de mycorhizes, qui aident fortement les plantes à extirper eau et nutriments du sol.
Précautions et inconvénients potentiels des copeaux de bois en paillage
Appauvrissement temporaire de l’azote
Pourquoi cela se produit et comment le gérer : Lorsque les copeaux de bois commencent à se décomposer, les micro-organismes du sol utilisent l’azote disponible pour faciliter ce processus. Cela peut entraîner une concurrence entre ces micro-organismes et les plantes pour l’azote, conduisant à un appauvrissement temporaire. Les symptômes d’un manque d’azote incluent des feuilles jaunissantes et une croissance ralentie.
Gestion : Pour contrer cet effet, il est recommandé d’ajouter une source d’azote au sol avant d’appliquer les copeaux, comme du compost riche, des tontes de pelouses, ou un engrais azoté. Avec le temps, à mesure que les copeaux se décomposent complètement, l’azote sera libéré et rendu disponible pour les plantes. Mais dans les premiers temps, une faim d’azote peu avoir lieu.
Sélection des copeaux de bois
L’importance de choisir des copeaux non traités chimiquement et de ne pas choisir des copeaux de rabotage ou sciure issus de coeur d’arbre : Les copeaux ou sciures provenant de bois traité chimiquement peuvent libérer des produits chimiques nocifs dans le sol, affectant négativement les plantes et la vie microbienne.
De plus, les copeaux issus du cœur de l’arbre (sciure, copeaux de rabottage) sont à proscrire, car ils ont un ratio carbone/azote bien trop élevé (matériau extrèmement carboné), contrairement aux copeaux issus des branches ou des rameaux.
Gestion : Il est essentiel de s’assurer de la provenance des copeaux et d’éviter ceux traités chimiquement. Privilégiez des copeaux issus de bois naturel et, si possible, de rameaux ou branches jeunes pour obtenir le meilleur rapport carbone/azote.
Épaisseur optimale
Les dangers d’une couche de paillage trop épaisse ou de l’incorporation au sol : Une couche de paillage de copeaux de bois excessivement épaisse augmente les risques de faim d’azote. Idem pour l’incorporation au sol des copeaux de bois, à éviter absolument sous peine d’un risque de grave faim d’azote pouvant perdurer sur plusieures années.
Gestion : L’épaisseur optimale des copeaux de bois pour le paillage varie généralement entre 5 et 10 cm. Près de la fourchette haute, ajouter un apport azoté.
Comparaison avec d’autres types de paillage
Paille
- Avantages :
- Très bonne régulation thermique (couche épaisse).
- Bonne rétention de l’humidité
- Très peu chère et facilement disponible
- Bonne régulation des adventices (couche épaisse)
- Rapport C/N correct, bien qu’un peu trop carbonné
- Inconvénients :
- Peut contenir des traces de fongicides
- Un peu trop carbonné (non équilibrée)
- Peu appropriée pour un massif permanent
- Moins de création d’humus qu’avec les copeaux de bois
Foin
- Avantages :
- Excellent pour la conservation de l’humidité (couche épaisse).
- Apporte une très bonne quantité de nutriments au sol lorsqu’il se décompose.
- Nourriture des vers de terre (cellulose)
- Equilibré (rapport C/N compris entre 25 et 30), donc aucun risque de faim d’azote
- Excellente isolation thermique (couche épaisse)
- Excellente protection contre les adventices (couche épaisse)
- Inconvénients :
- Très susceptible de contenir des graines, augmentant le risque de diffusion de “mauvaises herbes” dans les zones non paillées du jardin.
- Se décompose rapidement, nécessitant des remplacements plus fréquents.
- Plus cher que la paille
- Peu appropriée pour un massif permanent
Feuilles mortes
- Avantages :
- Abondantes et gratuites en automne.
- Se décomposent en apportant une bonne quantité de nutriments au sol.
- Equilibrées si feuilles souples
- Inconvénients :
- Isolation thermique moyenne
- Protection moyenne contre les adventices
- Peuvent être emportées par le vent si elles ne sont pas humidifiées ou lestées d’une manière ou d’une autre
- Besoin d’en disposer en quantité réellement importante pour une utilisation en paillage
- Peu appropriée pour un massif permanent
Écorces de pin
- Avantages :
- Esthétiquement plaisantes en massif permanent
- Se décomposent lentement et durent longtemps.
- Bonne rétention d’humidité et régulation thermique correcte
- Appropriées pour un massif permanent
- Inconvénients :
- Plus coûteuses que d’autres options de paillage.
- Très faibles apports nutritifs ou d’humus pour le sol (décomposition très faible)
- Peuvent flotter et être emportées lors d’arrosages intenses.
- Très peu appropriées pour un potager (faibles apports pour le sol et sa vie)
Paillis minéraux (graviers, ardoise pilée, etc.)
- Avantages :
- Durables et ne se décomposent pas.
- Esthétiquement variés et adaptés à de nombreux styles paysagers.
- Bien adaptés à des massifs permanents (pas de décomposition)
- Inconvénients :
- Ne fournissent pas de nutriments au sol.
- Difficiles à enlever ou à remplacer.
- Totalement inadapté à un potager ou massif annuel.
Copeaux de bois
- Avantages :
- Bonne rétention d’humidité.
- Isolation thermique correcte
- Forte création d’humus lors de leur décomposition
- Très favorables aux développement des champignons mycorhiziens
- Adaptés aux massifs permanents comme aux massifs annuels et aux potagers
- Inconvénients :
- Peut entraîner un appauvrissement temporaire en azote dans le sol, capable de créer une faim d’azote chez les plantes et donc un défaut de croissance.
- A utiliser en couche fine, ce qui limite les effets de contrôle des adventices, d’isolation thermique, et de maintient de l’humidité au sol contrairement à d’autres paillis étalés en couches épaisses (foin, paille)
- Décomposition relativement lente, et donc faible apports de nutriments au sol sur la saison.
En conclusion, le choix du paillage dépend de l’effet souhaité, des besoins des plantes, des préoccupations esthétiques et du budget. Chaque type de paillage a ses avantages et inconvénients, et il est essentiel d’évaluer ceux-ci en fonction du contexte spécifique de chaque jardin ou paysage.
Mais la première question à vous poser, est, selon moi : voulez vous un paillage pour un massif permanent, ou pour un potager ou massif annuel ? Cela éliminera près de la moitiés des options, et le choix sera alors déjà bien plus simple.
Comment choisir et appliquer le paillage en copeaux de bois
Comment choisir des copeaux de bois de qualité
Source Locale: Recherchez les entreprises locales d’élagage d’arbres ou les déchetteries, qui peuvent offrir des copeaux de bois en quantité. Ils sont souvent plus frais et n’ont souvent pas été traités chimiquement (pensez tout de même à poser la question !) .
Non Traité: Assurez-vous que les copeaux de bois que vous obtenez n’ont pas été traités avec des produits chimiques, des colorants ou des agents de conservation. Ces produits peuvent fortement nuire à vos plantes et au sol.
Diversité des Espèces: Si possible, essayez d’obtenir des copeaux provenant de différentes espèces d’arbres. Cela peut fournir une gamme plus large de nutriments à mesure qu’ils se décomposent.
Taille des Copeaux: Préférez des copeaux de petite à moyenne taille. Les copeaux trop gros peuvent ne pas retenir l’humidité aussi efficacement et mettre trop de temps à se dégrader.
Étapes d’application pour une efficacité maximale
Préparation du Sol: Désherbez la zone où vous souhaitez appliquer les copeaux. Cela empêche les adventices de pousser à travers le paillis.
Enrichissementazoté : Si vous le souhaitez, ajoutez une fine couche de compost ou d’engrais azoté avant de pailler. Cela compensera l’azote que les micro-organismes utiliseront pour décomposer les copeaux.
Application: Étalez les copeaux de bois sur la zone préparée à une épaisseur de 5 à 7 cm. Assurez-vous de ne pas pailler directement contre les tiges des plantes ou les troncs des arbres, car cela peut favoriser leur pourriture.
Arrosage: Humidifiez légèrement les copeaux après application pour les aider à se fixer et à commencer le processus de décomposition.
Conseils sur la périodicité du renouvellement
- Surveillance: Avec le temps, les copeaux de bois vont se décomposer et se mélanger au sol. Surveillez régulièrement l’épaisseur du paillage pour en rajouter lorsque la couche devient trop mince. Si au contraire les copeaux ne se décomposent pas, ou très peu, c’est que votre sol n’est pas en capcité de les décomposer suffisemment bien. La vie biologique y est probablement très riche et très peu active. Dans ce cas, ne dépassez pas une épaisseur de couche de paillage de quelques cm (2-3)
- Renouvellement Annuel: En lien avec le point précédent, il est généralement bon de vérifier et, si nécessaire, de compléter votre paillage une fois par an. Cela garantie, la plupart du temps, que vous maintenez une épaisseur appropriée pour la rétention d’humidité, la suppression des adventices, et la régulation thermique.
En suivant ces étapes et conseils, vous vous assurerez de profiter au maximum des avantages des copeaux de bois comme paillis dans votre jardin ou potager.
Conclusion
Le paillage à base de copeaux de bois peut se révéler être une pratique très intéressante, aux bénéfices uniques (fort apport d’humus, fort développement de la vie fongique et donc des mycorhizes, notamment)
Mais son aspect très carbonné (rapport C/N élevé) n’en fait pas un paillage adapté à des débutants, du moins pour un potager (risques élevés de faims d’azote).
Si vous êtes débutants, mettez-en plutôt aux pieds de vos plantations vivaces (persistantes), comme au pied d’un haie par exemple.
Et privilégiez plutôt le foin pour le potager, bien plus simple à utiliser, mais aussi plus complet et polyvalent.
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- Le paillage à base de miscanthus
- Le paillage à base d’ardoise
- Le paillage à base de chanvre
- Le paillage à base de cheveux
- Le paillage à base d’écorces de pin
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Robin
Mes deux premiers potagers ont été de vrais fiascos.
Je m'étais appuyé sur des "guides potager" simples, faciles... Mais trop superficiels.
Je ne comprenais pas vraiment ce que je faisais.
J'obéissais bêtement à des "règles" dictés par certains.
Depuis, je cherche à comprendre.
Car ici, c'est le potager du POURQUOI.
On se pose et se repose cette question, toujours, à chaque fois que l'on nous dit ce que nous devrions faire.
Pour être autonômes, libres, et confiants dans ce que l'on fait.
Et on se base, au maximum, sur des sources scientifiques. Ou très sérieuses.
Et une bonne méthode paie : en moins de trois ans, mes récoltes ont été multipliées par plus de 10. Exemple ici en photo, en bas de page, et dans mes emails.
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