Attirer les amphibiens au jardin, ces prédateurs des limaces
Crapauds, grenouilles, tritons, et salamandres : quels sont ceux que l’on peut voir au jardin, et quel rôle peuvent-ils jouer dans la gestion d’une population de limaces, en tant que prédateurs de ces gastéropodes ? (Et en alternatives aux soit disants anti-limaces naturels) Quels dangers peuvent-ils les guetter au jardin ? Comment concevoir et aménager sa mare, étape par étape ? Comment créer des abris sûrs et au frais, pour que ces batraciens s’y sentent à l’abri ?
J’essaierais, dans cet article, de répondre précisément à ces questions, pour une gestion des limaces et escargots dans un jardin en permaculture.
Avant de commencer, si ça vous intéresse, voici l’article sur l’ensemble des prédateurs des limaces.
Quels amphibiens sont des prédateurs de limaces ?
Si les têtards des amphibiens sont très majoritairement herbivores, les adultes sont bel et bien carnivores. Les crapauds, et les grenouilles, mais aussi les tritons et les salamandres, moins fréquents, se nourrissent tous de limaces, et aident à réguler activement leur population au jardin.
Les crapauds sont capables de manger d’assez grosses limaces et de petits escargots, alors que les grenouilles, les tritons et les salamandres, sont utiles car ils mangent les limaces plus petites, ainsi que leurs œufs. Ces amphibiens -ou batraciens- sont aussi très utiles pour la régulation de nombreux autres insectes du jardin. Il faut aussi savoir que crapauds, grenouilles, et tritons, sont majoritairement actifs de nuit, comme le sont les limaces et les escargots.
Les différents crapauds présents en France :
C’est le crapaud commun (bufo bufo), que vous croiserez le plus souvent au jardin.
Mais il existe plus de 500 espèces différentes de crapauds dans le monde, et plus d’une douzaine d’espèces en France.
Il n’est donc pas exclu que vous puissiez rencontrer un crapaud d’une de ces espèces : Alyte accoucheur, Discoglosse corse, Discoglosse peint, Discoglosse sarde, Sonneur à ventre jaune, Crapaud calamite, Crapaud commun, Crapaud épineux, Crapaud vert, Crapaud vert, Bufotes balearicus, Pélobate brun, Pélobate cultripède, ou Pélodyte ponctué. Pour un tableau de ces différentes espèces, retrouvez ici la page Wikipédia dédiée aux amphibiens.
Les grenouilles courantes au jardin
La grenouille rousse, la grenouille agile, la grenouille verte, et la rainette verte, sont les espèces les plus répandues en France, et que vous avez donc le plus de chances de rencontrer. Si vous avez aperçu une grenouille qui n’appartient à aucune de ces espèces, vous pouvez essayer de la retrouver via cette page Wikipédia dédiée.
Les tritons
Il y a 5 espèces de tritons en France, que vous pouvez croiser au jardin, en fonction de votre localisation : le triton marbré, le triton crêté, le triton ponctué, le triton alpestre, et le triton palmé. Pour plus d’infos à leur sujet, et pour identifier un spécimen, je vous conseille de passer par le lien que je cite dans le paragraphe précédent.
Les salamandres
Au jardin, vous pouvez croiser différentes espèces de salamandres, en fonction de la région dans laquelle vous habitez : la salamandre commune, la salamandre alpestre, la salamandre de Corse, et la salamandre de Lanza. Pour identifier un spécimen, je vous conseille la même page Wikipédia que citée précédemment.
Sachez que si vous avez la chance d’avoir des tritons et des salamandres au sein de votre jardin, cela est souvent représentatif d’une biodiversité très riche, et d’un milieu bien préservé. Un jardin qui respecte les principes de la permaculture est normalement adapté pour les acceuillir, mais nous préciserons cela plus loin.
Comment attirer les amphibiens au jardin ?
Pour attirer les amphibiens au jardin, pour qu’ils puissent vous aider à lutter contre les limaces, il faudra leur aménager celui-ci, en retirant les dangers éventuels, en créant un lieu de reproduction adapté (mare), et en créant de petites zones ou ces batraciens pourront être à l’abri.
Les zones à risques
Faites attention si vous avez des escaliers de sous-sol, ou que votre jardin se trouve à proximité d’une route.
Dans le premier cas, si des amphibiens les descendent par hasard, ils s’y retrouveront prisonnier, et sans eau ni nourriture, ils se dessécheront vite et mourront. Veillez alors, si possible, à placer sur le passage quelque chose qui puisse faire office de barrière basse amovible, pour les empêcher de passer. Vous pouvez aussi disposer des petits récipients d’eau et de nourriture de secours en bas de l’escalier, pour leur permettre de survivre le temps que vous les aperceviez.
Si votre jardin se trouve à proximité d’une route, la solution la plus efficace sera de barricader les passages qui y donne accès. Pour cela, l’utilisation d’un grillage à poules peut parfaitement faire l’affaire.
Les prédateurs domestiques
Attention aussi à vos chats et vos chiens, si vous en avez. Ceux-ci -surtout les chats- peuvent souvent les déranger, mais surtout les tuer en jouant avec. Et même pour eux, cela peut être fatal : les salamandres et certains crapauds ont des glandes leur permettant de libérer des toxines au niveau de leur peau, en cas d’attaque. Au mieux, cela libérera un fort goût amer, au pire, cela peut les tuer.
Les pesticides et anti limaces
L’utilisation de pesticides peut souvent se révéler fatale pour les amphibiens. Ce type de traitement est à proscrire si vous ne voulez pas anéantir la biodiversité dans son ensemble. De toute manière, si vous jardinez selon les principes de la permaculture, cette question ne se pose même pas.
Bannissez aussi les anti limaces (naturels ou non) qui ont des répercutions sur leurs prédateurs : je pense notamment aux granulés anti-limaces et aux pièges à bière. Voir pourquoi en toute fin de cet article.
Comment créer une mare, pour la reproduction et l’installation durable des amphibiens
Les amphibiens naissent et grandissent dans l’eau. Adulte, la présence d’un point d’eau -qui les empêche de se dessécher- reste nécessaire à la présence des grenouilles, tritons, et salamandres, moins à celle des crapauds, pour lesquels un coin d’ombre humide fait très bien l’affaire (mais il a besoin d’un point d’eau pour se reproduire).
Si vous n’avez pas de point d’eau naturel chez vous, la création d’une mare est le meilleur des moyens pour attirer tout ce petit monde dans votre jardin.
Quel emplacement pour la mare ?
Votre mare devra, si possible, être construite un peu en contrebas de votre terrain (pour favoriser le ruissellement d’eau vers celle-ci, lors des pluies), sur une zone plane, dégagée, et lumineuse. Je vous conseille de tracer les contours de votre mare avant de commencer à creuser.
La conception de la berge
Lors de la conception de votre mare, il y a une règle que vous devez absolument suivre si vous souhaitez accueillir les grenouilles, les crapauds, les tritons et les salamandres : au minimum un tiers de votre berge devra être en pente douce, pour rendre son accès possible à ces amphibiens.
Quelle profondeur pour la mare ?
Votre mare devra être profonde d’au moins 1 mètre 20, pour l’empêcher de geler durant les mois d’hiver : en effet, il arrive que certains batraciens restent dans la mare durant cette saison. Si vous habitez à une altitude assez importante, 1 mètre 50 de profondeur est plus prudent.
Comment creuser et étanchéiser la mare ?
En fonction de la taille de la mare que vous souhaitez creuser, vous pouvez soit le faire à la pelle à la force des bras, soit louer à la journée un petit tractopelle qui vous sera d’un grand secours.
Pour étanchéifier votre mare, il vous faudra une bâche étanche ou liner, dédiée à ce type d’utilisation, que vous pouvez trouver dans la plupart des grands magasins de bricolage. Si vous avez un sol exceptionnellement argileux (argile bentonite notamment, qui possède la meilleure qualité d’étanchéité), vous pouvez essayer sans la bâche, en mouillant et tassant bien la terre du fond et des rebords au préalable, et en y enlevant les éléments grossiers. Mais la déperdition d’eau risque tout de même d’être plus importante.
Quelles plantes choisir pour la mare, et comment les installer ?
La présence de végétaux autour -et dans- votre mare est essentielle pour le développement de la vie autour de ce point d’eau. Ils permettent le développement de la microfaune, qui attire la macrofaune, puis les prédateurs des limaces (grenouilles, crapauds, tritons, et salamandres) s’en donnent à cœur joie (ils sont notamment friands de certains petits invertébrés qui composent cette macrofaune).
Ces végétaux sont aussi des supports de ponte très appréciés des batraciens.
Parmi les plantes les plus propices à implanter avec une mare, on trouve : le jonc, le roseau, le typha, et la glycérie, pour les barges surtout, ainsi que potamot et nénuphar pour l’intérieur du bassin. Vous pouvez trouver ces plantes dans la plupart des grandes jardineries.
L’installation des plantes de berge est assez classique, car la terre est directement accessible. Pour les plantes de « pleine eau », il y a deux solutions :
- Soit disposer, avant la mise en eau, une couche de terre riche de 20 cm au-dessus de la bâche ou de la couche d’argile.
- Soit, laisser les plantes en pot au fond du bassin, mais en vérifiant que la plante soit grande pour capter la lumière au ras -ou à l’extérieur- de l’eau.
Est-il préférable de mettre une pompe filtrante, ou simplement de faire circuler l’eau ?
Les batraciens préfèrent les plans d’eau sans mouvement, et l’eau n’a aucun besoin d’être filtrée : au contraire, de nombreux petits organismes risqueraient alors de disparaître du système-bassin. Mieux vaut alors ne pas mettre de pompe filtrante, et ne pas faire circuler l’eau.
Est-ce qu’accueillir des poissons nuit à la présence des batraciens ?
Oui, pour la plupart : poissons rouges et carpes koï mangent les œufs et les têtards des amphibiens. Il vaut mieux éviter d’en introduire dans la mare si vous voulez installer durablement les batraciens au jardin, et si vous voulez qu’ils vous aident à réguler la population de gastéropodes qui y est présente. Vous pouvez tout de même tentez d’y mettre des guppys, qui ne peuvent pas manger la plupart des tétards (sauf les plus petits), et qui constitueront même, plus tard, une proie pour les grenouilles. Sachez, de toute manière, que comme les guppys ou d’autres poissons, les tétards mangent les larves de moustiques !
Robin
Mes deux premiers potagers ont été de vrais fiascos.
Je m'étais appuyé sur des "guides potager" simples, faciles... Mais trop superficiels.
Je ne comprenais pas vraiment ce que je faisais.
J'obéissais bêtement à des "règles" dictés par certains.
Depuis, je cherche à comprendre.
Car ici, c'est le potager du POURQUOI.
On se pose et se repose cette question, toujours, à chaque fois que l'on nous dit ce que nous devrions faire.
Pour être autonômes, libres, et confiants dans ce que l'on fait.
Et on se base, au maximum, sur des sources scientifiques. Ou très sérieuses.
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Articles en lien avec celui-ci (cliquez sur les images) :
Les plantes à avoir au jardin : les plantes pour héberger les auxiliaires, les plantes à effets répulsifs pour les “ravageurs” (Limaces, Pucerons, Rongeurs, …)
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Créer des zones d’abri et de protection pour les amphibiens prédateurs
L’aménagement général du jardin
Comme pour l’accueil de la plupart des animaux et insectes auxiliaires, la première chose à faire est de moins tondre sa haie et sa pelouse, moins ramasser les feuilles mortes, … bref, laisser la vie du jardin suivre son cours. Les amphibiens aiment en effet trouver des recoins à l’abri, où se cacher et être au frais, et cela attirera surtout les insectes, nourriture adorée des batraciens.
Vous pouvez planter une prairie fleurie, qui attirera nombre d’insectes dont se régalerons les batraciens.
Il même possible d’installer de petits éclairages de jardin, au ras du sol, qui attireront les papillons de nuit et autres insectes nocturnes, que crapauds et grenouilles se feront un plaisir de manger.
Créer des cachettes pour les amphibiens
En complément d’une mare, il est important de créer des abris où les grenouilles, les crapauds, les tritons, et les salamandres pourront être au frais et en sécurité.
Pour les crapauds, pas très difficiles, un simple pot en terre cuite retourné (mais laissant une ouverture) peut très bien faire l’affaire. Sinon, en général, un gros tas de branches, un tas de feuilles mortes, un tas de rondins de bois, ou un tas de pierre, sont très appréciés des batraciens. Vous pouvez aussi construire un cairn, qui sera particulièrement apprécié, et gardera très bien l’humidité. Pour cela, creusez un trou d’environ 1 mètre carré pour 20 centimètres de profondeur. Remplissez-le ensuite de terre sablonneuse. Enfin, montez le cairn, en y plaçant autant de pierres que possible, pour une hauteur idéale de 1 m à 1,5 m. Jouez sur la taille des pierres pour créer de nombreuses cachettes de tailles variées, pour le plus grand bonheur des petits comme des grands crapauds, grenouilles, tritons, ou salamandres ! Construisez le cairn à proximité directe de votre mare, et la cacophonie générale témoignera de leur joie !
Conclusion :
Les batraciens, comme vous avez pu le voir dans les vidéos que j’ai jointes à l’article, sont de bons alliés pour la gestion des limaces au jardin, en tant que prédateurs naturels de ces dernières.
Pour les y accueillir, il faudra veiller à faire disparaître tout danger, et à y aménager des espaces appropriés, ce qui passe par la création d’une mare, et la création de cachettes sûres et au frais !
Si vous pensez que l’accueil des amphibiens ne sera pas suffisant pour réguler votre problème de limaces ou d‘escargots au jardin, retrouvez sur mon site toutes les méthodes existantes pour gérer de manière responsable les gastéropodes au potager, sans oublier de considérer le rôle essentiel qu’ils y jouent !
Le hérisson
Les nématodes
Les carabes
Encore mieux !
Testez chez vous la barrière anti-limaces en cuivre que j’ai conçu : le filet anti limace.
Il a tout changé, pour moi. Je peux enfin cultiver des salades, des choux, des fraises, et des cucurbitacées, sans m’arracher les cheveux de la tête.
N’hésitez pas, c’est un investissement (le cuivre est cher), mais vous gagnerez probablement un temps fou !
Je suis tellement sûr que ça fonctionnera, que je vous propose une garantie de dingue : vous testez chez vous le filet pendant 30 jours. Si ça ne marche pas aussi bien que dans vos rêves les plus fous, je vous rembourse, frais de port compris !
Bref : il est plus logique de ne pas hésiter maintenant, mais une fois le filet reçu !
OU alors, vous pouvez télécharger l’infographie récapitulative de toutes les méthodes répertoriées (efficaces/non efficaces/peu efficaces car…) pour gérer les limaces au jardin :
Bonjour, je voulais ajouter pour le problème des moustiques qui peuvent proliférer vu la mare. Il y en avait beaucoup dans ma mare la première année. Mais très rapidement, cela n’a plus été un souci, un équilibre s’installe déjà grâce à la présence de certains insectes aquatiques friands de larves de moustiques, avant l’arrivée des batraciens.
Bonjour Martine, désolé de ma réponse tardive, je n’avais pas vu votre commentaire.. Merci beaucoup de celui-ci, c’est très intéressant de mettre aussi en avant le fait que certains insectes permettent aussi de réguler les larves de moustiques du bassin.. Savez vous de quels insectes il s’agit ?