Un puissant antifongique naturel pour les plantes du jardin : le lait
C’est la cata !
L’oïdium a atteint vos plants de courgettes bien trop tôt cette année…
La récolte risque d’être sévèrement impactée…
Il vous faut un antifongique naturel efficace, pour la sauver !
Mais alors…
Quels sont les différents antifongiques naturels existants ?
Ils sont nombreux, et voici une liste non exhaustive de ces antifongiques (traitement contre les champignons) naturels :
Dans la catégorie des huiles :
– Huile essentielle de tea tree
– Huile essentielle de lavande
– Huile essentielle d’origan
– Huile essentielle de clou de girofle
– Huile essentielle de romarin
– Huile de coco
– Huile de neem
– Huile de thym
– Huile d’écorce de cannelle
– Huile de Propolis
Et dans les autres catégories :
– Vinaigre de cidre de pomme
– Jus de citron
– Extraits de pépins de pamplemousse
– Extrait d’ail
– Extrait de pépins de courge
– Extrait de feuilles d’olivier
– Lait
L’efficacité de la grande majorité de ces antifongiques a été vérifiée scientifiquement.
Pourtant, attention : il existe différentes espèces de champignons, et l’efficacité de ces antifongiques n’a pas toujours été vérifiée, en laboratoire, sur les mêmes espèces de champignons.
Aussi, il faut noter que la plupart de ces études ont été faites à but de recherches de principes actifs naturels à visées de traitements médicaux : traitement de mycoses, etc…
Et puis, et c’est important : comme ces études ont été réalisées majoritairement à but médical, difficile de savoir si les antifongiques mentionnés dans cette liste ont une utilisation souhaitable au jardin. Effets secondaires indésirables ? Effets néfastes possibles sur les plantes ? Effets toxiques pour certains auxiliaires ? Etc…
Plutôt que de naviguer à tâtons, et de tenter d’extrapoler hors-contexte…
… Je vous propose d’étudier le cas d’un de ces antifongiques, dont l’effet à été scientifiquement prouvé sur le champignon pathogène de l’Oïdium de la courgette (Sphaerotheca fuliginea).
Cet antifongique, aux effets très puissants sur l’oïdium, c’est le lait !
L’oidium de la courgette, une sorte de poudre blanche sur les feuilles, ici à un stade avancé.
Le lait : un puissant antifongique contre l’oïdium de la courgette
Une expérience a été menée au Brésil, en 1999.
On a traité des plants de courgettes atteintes d’oïdium avec des fongicides classiques, avec du lait dilué dans de l’eau, ou avec de l’eau (condition contrôle).
Et il se trouve, que les plus fortes concentrations de lait dilué, aspergées 2 fois par semaine sur les feuilles de courgettes malades, ont été plus efficaces que les traitements fongicides habituellement utilisés par les agriculteurs, pulvérisés une fois par semaine.
Eux-mêmes bien sûr plus efficaces que le traitement témoin.
Et puis, et c’est assez logique, plus le lait était concentré, plus l’action fongicide était efficace.
Regardez ce graphique :
Sur l’axe vertical, le taux d’atteinte moyen d’une feuille de courgette par l’oïdium, une vingtaine de jour après une application deux fois par semaine de lait dilué (une seule application par semaine pour les expériences 4 et 5 – les deux courbes les plus hautes pour une concentration de lait > 5%).
Sur l’axe horizontal, la concentration de lait utilisée pour ces pulvérisations.
Du lait dilué à 30% et plus diminue en moyenne le taux d’atteinte des courgettes de près de 90 %.
Dans 2 expérimentations sur 3 où le lait dilué à été pulvérisé 2 fois par semaine, l’oïdium à presque intégralement disparu des feuilles de courgettes.
Voici le tableau des résultats plus détaillés, par expérience, qui permet aussi de comparer l’efficacité du lait dilué avec les fongicides classiques utilisés en agriculture (fenarimol 0.1 ml/l ou benomyl 0.1 g/l).
(Les nombres en colonnes correspondent au pourcentage de l’aire infectée sur l’aire totale de la feuille).
Cliquez sur les images pour les agrandir.
On y voit par exemple, dans la troisième expérimentation, qu’une pulvérisation de lait dilué à 50% deux fois par semaine (il reste moins de 1% d’aire infectée) est bien plus efficace qu’une pulvérisation d’un fongicide classique appliqué une fois par semaine (il reste plus de 15% de l’aire infectée).
Il y a, selon moi, deux choses à retenir de cette étude :
- Le lait est un antifongique naturel extrêmement efficace pour traiter l’oïdium de la courgette. Et il se substitue parfaitement aux antifongiques classiques.
- Pour les mêmes résultats visés, une application 2 fois par semaine de ce fongicide permet d’en diminuer fortement la concentration : au final, une pulvérisation deux fois par semaine permet de diminuer la quantité totale de lait utilisé pour les mêmes résultats, pour la même durée de traitement. Vous pouvez voir ça dans les tableaux de résultats ci-dessus.
Pourquoi le lait est un antifongique naturel efficace pour les plantes ?
Les chercheurs de l’étude précédente ont répondu à cette question :
- Le lait aurait un effet direct sur l’oïdium grâce à des propriétés germicides. Cela à été mis en avant par une étude de 1954.
- Le lait contient plusieurs sels et acides aminés, et 5 études, entre 1993 et 1997, ont montré l’effet de ces substances contre l’oïdium et d’autres maladies
- D’après 6 études entre 1966 et 1998, le bicarbonate de sodium, l’oxalate, et différents sels et acides aminés, ont les propriétés, d’augmenter la résistance systémique des plantes aux maladies. D’après les auteurs de cette étude, il est probable que le lait ait le même effet indirect sur l’oïdium et d’autres maladies.
La pasteurisation du lait conserve-t-elle ses propriétés antifongiques ?
L’étude dont il est question ci-dessus a été faite avec du lait de vache frais (cru).
Il est très possible que la pasteurisation puisse réduire les propriétés antifongiques du lait, car elle peut détruire ou réduire la concentration des composants actifs qui ont des propriétés antifongiques.
La plupart des études sur les propriétés antifongiques du lait ont été menées sur du lait frais ou pasteurisé à basse température. Il n’y a donc actuellement pas suffisamment de données pour affirmer si la pasteurisation à haute température (celle utilisée pour le lait commercialement vendu) affecte les propriétés antifongiques du lait.
Mais il me semble probable, pour être sûr de bénéficier des mêmes effets chez vous que ceux de l’étude, qu’il faille utiliser du lait non pasteurisé, ou pasteurisé à basse température.
Alors, où trouver du lait non pasteurisé, ou pasteurisé à basse température ?
Ça peut être difficile à trouver !
Parce que la plupart du lait vendu dans les supermarchés est pasteurisé à haute température, dans le but de prévenir les risques alimentaires liés à la vente de lait non pasteurisé (forcément plus important que pour le lait pasteurisé).
Il y a malgré tout différents endroits où vous pouvez trouver du lait non pasteurisé ou pasteurisé à basse température :
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- Les fermes locales : Il est possible de trouver ce type de lait chez des fermes locales. Vous pouvez demander directement aux producteurs s’il est possible de vous en fournir.
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- Les épiceries fines ou magasins bio : Certains de ces magasins proposent ce type de lait. Par exemple, en tapant “acheter du lait non pasteurisé” sur Ecosia (équivalent à Google, mais qui plante des arbres), je suis tombé sur cette marque de lait non pasteurisé, qui est distribuée dans les magasins bio et épiceries fines, justement.
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- Vente en ligne : Il existe aussi des sites web qui vendent du lait non pasteurisé : le site de Biocoop, par exemple, qui vend ici la marque de lait mentionné juste au-dessus.
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Comment faire concrètement votre fongicide naturel à base de lait ?
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- Choisissez la dilution de lait que vous voulez utiliser. Par exemple, je trouve intéressant d’utiliser du lait à 20% avec de l’eau, à pulvériser 2 fois par semaine.
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- Diluez votre lait non pasteurisé dans de l’eau. Pour 20%, il vous suffit d’ajouter 200 mL de lait à 800 mL d’eau. Un litre de lait vous permet donc de faire 5 litres de solution antifongique. C’est pas mal !
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- Conservez au frais et à l’abri de la lumière
Comment traiter les plantes avec votre antifongique ?
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Versez votre solution antifongique dans un pulvérisateur.Selon la taille du potager à traiter, vous pourrez soit opter pour un petit pulvérisateur à mise en pression manuelle, un gros pulvérisateur sac-à-dos à mise en pression manuelle, ou un gros pulvérisateur sac-à-dos électrique.
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Pulvérisez en direct sur les feuilles (face et dos), jusqu’à ce que l’excès de solution s’écoule de la surface des feuilles.
C’est un bon moyen de voir si le dépôt de la solution sur la surface des plantes est suffisant pour l’effet escompté, et c’est le procédé de pulvérisation qui a été utilisé dans l’étude.
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Renouvelez l’opération 2 fois par semaine.
Conclusion
Le lait non pasteurisé est un antifongique naturel très puissant pour traiter l’oïdium de la courgette.
En pulvérisation foliaire 2 fois par semaine, il permet même une guérison quasi complète des plants, et il est bien plus efficace que les fongicides traditionnels pulvérisés 1 fois par semaine.
Une solution de concentration 20% de lait non pasteurisé et 80% d’eau, pulvérisée 2 fois par semaine, me semble idéale pour lier une efficacité optimale à une économie du lait utilisé.
Pour finir, sachez que cette étude ne prouve l’effet du lait que sur l’oïdium de la courgette (Sphaerotheca fuliginea).
Rien ne prouve si les effets peuvent être similaires sur d’autres champignons, et donc d’autres oïdiums (sous le nom commun d’oïdium se cachent en fait différents champignons, propres à différentes plantes).
Mais, rien ne vous empêche de faire une petite expérimentation chez vous !
À noter aussi : il n’y a pas toujours de vrai intérêt à intervenir pour traiter l’oïdium de la courgette, notamment en fin de saison.
Les cucurbitacés sont presque tous touchés par cette maladie en fin de saison. Lorsque c’est le cas, vous pouvez simplement faire le deuil de 3-4 courgettes supplémentaires, et économiser du lait.
À vous de voir 😉
Quelles autres préparations à base de plantes peuvent avoir un intérêt au potager ?
C’est ce que je vous propose de découvrir dans mon pdf récapitulatif de 42 plantes et leurs utilisations en préparation au jardin, basé sur une synthèse de 3 sources publiques (conseils régionaux, …).
Je le propose en téléchargement libre.
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Source principale :
Robin
Mes deux premiers potagers ont été de vrais fiascos.
Je m'étais appuyé sur des "guides potager" simples, faciles... Mais trop superficiels.
Je ne comprenais pas vraiment ce que je faisais.
J'obéissais bêtement à des "règles" dictés par certains.
Depuis, je cherche à comprendre.
Car ici, c'est le potager du POURQUOI.
On se pose et se repose cette question, toujours, à chaque fois que l'on nous dit ce que nous devrions faire.
Pour être autonômes, libres, et confiants dans ce que l'on fait.
Et on se base, au maximum, sur des sources scientifiques. Ou très sérieuses.
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