L’arbre à papillon est-il nocif (toxique ?) aux papillons ?
Une rumeur, lancée par un naturaliste, scandait la nocivité de l’arbre à papillon pour les papillons. Toxicité ? Nectar à faible taux de sucre ? Caféïne ? Tentons de démêler le vrai du faux de cette histoire.
L’arbre à papillon est-il nocif aux papillons ?
Le mot à couru, récemment, que l’arbre à papillons était nocif aux papillons.
Mais, à vrai dire, personne – dans les articles que j’ai pu lire – n’a réellement expliqué pourquoi.
Je vous propose, comme sympathique mise en bouche, de vous montrer les théories que l’on raconte, à ce sujet :
– Une première théorie dit que ses fleurs contiennent de la caféine, nocive pour les papillons. Mais aucune étude ne l’a prouvé.
– Une seconde théorie dit que son nectar est très pauvre en sucre. Mais il en contient entre 17 et 30 % (source scientifique) ce qui est un taux de sucre normal pour un nectar.
Alors, tout cela ne serait-il que de fumeux ragots ?
Peut-être, car le naturaliste à l’origine de la rumeur se serait retiré.
Mais, lorsque j’ai creusé la question, j’ai vu ce qui pouvait porter défaut à notre ami l’arbre à papillon (rumeur vérifiée ou pas – qu’importe) :
– Les fleurs de l’arbre à papillons contiennent extrêmement peu de nectar.
Elles en contiennent entre 0,3 et 0,6 microlitre par fleur (source scientifique).
– C’est très faible, contrairement à la quantité de nectar par fleur chez les autres plantes.
Voici par exemple une liste de 8 fleurs et leur taux moyen approximatif de nectar par fleur :
- Lavande: de 20 à 150 microlitres
- Tagetes: de 30 à 100 microlitres
- Echinacea: de 40 à 120 microlitres
- Phacelia: de 20 à 80 microlitres
- Zinnia: de 30 à 110 microlitres
- Cosmos: de 20 à 80 microlitres
- Helianthus annuus: de 50 à 150 microlitres
- Melilotus: de 20 à 80 microlitres
Pour une quantité de nectar par fleur compris entre 0,3 et 0,6 microlitre par fleur pour le buddleia (source dans l’article), il aurait entre 30 et 500 moins de nectar par fleur que les fleurs de cette liste, piochées au hasard parmis les fleurs dont le taux de nectar par fleur a été mesuré.
Le buddleia contient donc très peu de nectar par fleur. Lorsque l’on moyenne, il est très en dessous de la fleur contenant la plus faible quantité de nectar moyenne mesurée.
L’argument possible d’une plus grande période de délivrance journalière du nectar chez le buddleia, lui, ne semble pas vérifiée :
– Délivrance entre 10h et 16h pour le buddleia
Et pour 10 autres fleurs piochées au hasard :
- Tournesol: de 10h00 à 16h00 (source: “The Pollination Biology of North American Cucurbitaceae” par J.E. Bowers)
- Lavande: de 9h00 à 15h00 (source: “The Pollination Ecology of Lavandula latifolia Medik.” par M.J. Johnson)
- Tagetes: de 9h00 à 16h00 (source: “The Pollination Biology of Tagetes” par J.E. Bowers)
- Echinacea: de 10h00 à 17h00 (source: “The Pollination Ecology of Echinacea” par M.J. Johnson)
- Phacelia: de 9h00 à 16h00 (source: “The Pollination Ecology of Phacelia” par J.E. Bowers)
- Calendula: de 9h00 à 16h00 (source: “The Pollination Ecology of Calendula” par M.J. Johnson)
- Zinnia: de 10h00 à 16h00 (source: “The Pollination Ecology of Zinnia” par J.E. Bowers)
- Cosmos: de 9h00 à 16h00 (source: “The Pollination Ecology of Cosmos” par M.J. Johnson)
- Helianthus annuus: de 9h00 à 16h00 (source: “The Pollination Ecology of Helianthus annuus” par J.E. Bowers)
- Melilotus: de 9h00 à 15h00 (source: “The Pollination Ecology of Melilotus” par M.J. Johnson)
Toutes choses égales par ailleurs, le buddleia est donc moins intéressant pour les papillons que d’autres plantes.
S’il y a donc bien un problème avec l’arbre à papillon, c’est qu’il “trompe” probablement les papillons.
Le parfum de ses fleurs laisse sans doute croire à ces derniers qu’elles sont très riches en nectar – observez l’effusion autour des fleurs d’un buddleia, comparez la à l’intérêt écologique (apparemment très faible) de cet arbuste, et cherchez l’erreur.
Comme vous l’avez compris, ce parfum est probablement un leurre.
Et donc, les papillons, très attirés par le parfum trompeur de l’arbre à papillons, viennent avidement, fleurs après fleurs, tenter d’en soutirer le nectar.
Le souci, c’est que pour chaque fleur d’arbre à papillon visité par un papillon, l’énergie dépensée par un papillon est bien plus grande que ce qu’elle devrait être pour la quantité de nectar récolté.
Et donc, “enivrés” par l’odeur de l’arbre à papillons, les papillons s’épuisent forcément plus vite
Quelque soit la cause originelle de la rumeur en question, pouvons-nous alors penser qu’une concentration d’arbres à papillons dans un jardin puissent être défavorable à la richesse de sa biodiversité ?
Je le pense, et nous continuons à détailler la question plus bas.
La toxicité de l’arbre à papillon
Lorsque l’on parle de l’effet nocif de l’arbre à papillon sur les papillons, une 3ème théorie (en addition des deux que l’on a vu juste au-dessus) existe.
Les feuilles du buddleia contiennent des terpénoïdes toxiques pour les chenilles qui les mangent.
La nocivité du buddleia serait due à son feuillage toxique pour les chenilles des papillons qui viennent y butiner.
Et c’est vrai.
Mais ça n’empêche pas les papillons d’aller pondre sur les autres végétaux alentour, desquels les chenilles pourront se nourrir.
La toxicité du feuillage de l’arbre à papillons n’est donc pas un argument direct pour sa nocivité contre les papillons.
MAIS, c’est un végétal qui ne pourra pas être consommé par les papillons du jardin. Et qui ne contribuera donc pas à la richesse de la biodiversité de celui-ci (au dépens d’espèces végétales desquelles il aura pris la place).
Et cela est, selon moi, un critère important.
L’arbre à papillon est-il envahissant dans un jardin ?
Le Buddleiia davidii, sauvage est considéré comme envahissant (il est d’ailleurs officiellement catégorisé comme tel) dans certaines régions, parce qu’il peut se propager rapidement et devenir dominant dans les milieux naturels.
Ce qui, du coup, peut être particulièrement problématique dans les jardins accueillant des arbres à papillons sauvages, où il peut prendre le dessus sur d’autres plantes, et être difficile à contrôler.
Sauvage, il produit de nombreuses graines qui sont facilement transportées par le vent, ce qui contribue à sa capacité à se propager rapidement.
Il est aussi capable de se développer dans de nombreux types de sol et peut tolérer des conditions de croissance difficiles, ce qui le rend très adaptable et résistant.
Il est important, tout de même, de noter que l’invasivité de l’arbre à papillon varie selon les conditions du milieu, et notamment du sol : contre-intuitivement, il est connu pour apprécier les sols caillouteux, abîmés par l’activité humaine, particulièrement pauvres.
Or, si cette invasivité est vraie pour les spécimens sauvage, notez bien que les arbres à papillon vendus en jardinerie sont parfaitement stérile, et que leurs graines ne donneront pas de nouveaux arbustes. Donc, pas d’inquiétude à ce niveau.
La seule manière de reproduire un arbre à papillon issu de jardinerie, c’est le bouturage.
Mais, bon dieu, cet arbuste n’a que des défauts ?
Hmm, pas entièrement.
Un intérêt important de l’arbre à papillon, outre son aspect esthétique certain, est justement sa capacité à pousser et à prospérer en terrain pauvre et difficile – là où les autres plantes ornementales de votre jardin auraient bien du mal à pousser.
Ainsi, grâce à ces racines puissantes, le buddleia va travailler et structurer le sol – souvent compact – dans lequel il pousse.
La compaction d’un sol étant souvent un de ses défauts principaux pour sa fertilité…
… On peut dire que, en sol pauvre et compact, l’arbre à papillon travaille à l’augmentation de la fertilité de ce sol.
Qui pourra un jour, pourquoi pas, bénéficier à d’autres espèces plus difficiles.
Vous souhaitez planter un arbre à papillon dans votre jardin ? Comment procéder ?
– Choisissez un emplacement pour votre arbre à papillon qui reçoive beaucoup de soleil et qui soit bien drainé.
– Préparez le sol en creusant un trou de plantation assez large et profond pour accueillir les racines du buddleia. N’ajoutez pas de compost, de fumier, ou de terreau (rappelez-vous, l’arbre à papillon aime les sols pauvres)
– Sortez votre arbuste de son pot et placez-le dans le trou de plantation. Assurez-vous que le niveau de la terre du pot correspond au niveau du sol dans votre jardin (classique).
– Remplissez le trou de plantation avec la terre que vous y avez extraite, en tassant bien autour des racines (idem).
– Arrosez abondamment.
Conclusion :
L’arbre à papillon peut avoir un certain effet nocif sur les papillons, car ils les épuisent pour peu de résultats (faible quantité de nectar qu’ils tirent de leur effort, comparativement à d’autres plantes à fleurs).
Pour cela, les buddleia doivent être évités au jardin, si vous voulez y favoriser le développement de la biodiversité. Notamment car il prend la place d’espèces autochtones, plus favorables au développement de cette richesse biologique.
Mais, son caractère résistant, peu difficile, concernant la qualité du sol dans lequel il est planté, participe à ses qualités : la pousse des arbres à papillons en terrains pauvres et compactés, peut contribuer à préparer, améliorer ce sol, sur plusieurs années.
Et puis, c’est tout de même un arbuste assez joli, lors de sa floraison.
Pour aller plus loin, vous pouvez télécharger (gratuitement !) le tableau récap’ des plantes utiles au jardin :
Robin
Mes deux premiers potagers ont été de vrais fiascos.
Je m'étais appuyé sur des "guides potager" simples, faciles... Mais trop superficiels.
Je ne comprenais pas vraiment ce que je faisais.
J'obéissais bêtement à des "règles" dictés par certains.
Depuis, je cherche à comprendre.
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