Petit manuel de communication non violente, pour permacole en vadrouille sur Facebook : méthode et exemples
Un article, vu comme un petit manuel d’initiation à la communication non violente, gorgé d’exemples fictifs, ainsi que d’un exemple réel, pour commencer à pratiquer, en fin d’article.
Comment réussir à retenir ma fougue face à Gérard, lorsqu’il veut éliminer les herbes folles de son jardin au gros sel ?
Comment garder mon sang-froid, face à la suffisance de Maurice alias Dieu-le-père ?
Comment répondre aux propos méprisants de Delphine, alors que je débute à peine, et que je ne sais pas encore bien ce que c’est, moi, la permaculture ?
Et puis, plus globalement, quelques astuces pour construire des messages empathiques et efficaces, pour plus d’amour dans les vies de tous !
I. Un hors sujet, ce petit manuel de communication non violente ? Pas tant que ça…
“Mais – allez-vous me dire – c’est bien joli tout ça, mais c’est un peu hors sujet !”
Pas tant que ça… En fait, quand on parle de permaculture, on pense surtout au respect des animaux, des plantes, du sol, de l’écosystème, et de la nature en général. Mais on oublie trop souvent que ce n’est pas tout ! D’où l’importance de revenir fréquemment consulter les fondamentaux :
1. Les fondements philosophiques de la permaculture : la place centrale de l’humain
Selon Permaculture principles and pathways beyond sustainability, de David Holmgren (dont vous pourrez trouver le résumé dans le document “l’essence de la permaculture”), Holmgren définit les principes éthiques à la base de la philosophie de la permaculture par trois points :
Prendre soin de la Terre (les sols, les écosystèmes, l’eau, les êtres vivants, et la nature en général)
Prendre soin des humains (soi-même, ses proches, la communauté…)
Partager équitablement (limiter la consommation, redistribuer les surplus)
Vous remarquerez la place qu’occupe l’Homme au sein de ces principes éthiques.
Et pourtant, je m’aperçois qu’il est souvent oublié.
Vivre en accord avec la philosophie de la permaculture, c’est aussi prendre soin des autres. Mais, comment prendre soin des autres ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
2. Les besoins humains et la pyramide de Maslow
En fait, Abraham Maslow a théorisé les différents besoins humains, qui, lorsqu’ils sont satisfaits chez un individu, le mène à un état de bien-être, voir de bonheur.
Agir dans le but de permettre aux autres de combler ces différents besoins, c’est, en partie, prendre soin d’eux.
De bas en haut : Besoins physiologiques, besoins de sécurité, besoin d’appartenance (amour, affection des autres), besoin d’estime (reconnaissance, appréciation), besoin d’accomplissement.
Dans cette pyramide, chaque besoin inférieur nécessite d’être satisfait avant d’espérer pouvoir combler le besoin juste au-dessus. Par exemple, si mes besoins physiologiques ne sont pas correctement satisfaits (si je ne mange jamais à ma faim et que je suis affamé, par exemple), je n’aurais pas d’attente de plus de sécurité, ou d’appartenance.. et plus de sécurité ou d’appartenance ne contribuera pas vraiment à améliorer mon état de bien-être.
Ce que l’on peut constater, au sein de cette pyramide, c’est que les besoins d’ordres sociaux (besoin d’appartenance et besoin d’estime) occupent une place centrale.
Si la valeur des contacts sociaux ne permet pas vraiment de satisfaire les besoins des premiers étages de cette pyramide, on voit qu’ils jouent tout de même une part majeure dans le bien-être de chacun.
3. À l’ère du numérique, l’impact de la communication pour le bien-être de chacun
Aujourd’hui, nous passons tous de plus en plus de temps sur Internet, sur Facebook par exemple, ou de vraie communautés -rassemblées par les même valeurs ou les mêmes envies- émergent. C’est une chance pour beaucoup de casser facilement les contraintes géographiques, pour partager une même passion.
Les contacts sociaux que nous avons alors au sein de ces groupes, prennent de plus en plus d’impact dans nos vies, à mesure que le temps que nous y passons augmente, et que nous nous y accordons de l’importance.
Et, quels sont-ils ces contacts sociaux, dans ces groupes Facebook ?
Ils passent quasiment tous par les mots que l’on choisit et que l’on décide d’articuler ensemble ! D’où l’importance d’apprendre à faire passer efficacement un message avec bienveillance et empathie !
J’aperçois parfois des discussions dans lesquelles chaque message est construit de telle sorte que les interlocuteurs n’ont aucune chance de l’écouter véritablement. Cette inefficacité, mène souvent pour chacun à une perte de temps et d’énergie (chacun finira la discussion sur le point de vue qu’il abordait au départ.). En plus de ce gâchis, la frustration causée par la confrontation de points de vue (et/ou de valeurs) différents se manifeste souvent en agressivité, mépris, ou suffisance…
La démarche que je veux vous présenter aujourd’hui se nomme la communication non-violente, créée par Marshall B. Rosenberg.
Robin
Robin
Mes deux premiers potagers ont été de vrais fiascos.
Je m'étais appuyé sur des "guides potager" simples, faciles... Mais trop superficiels.
Je ne comprenais pas vraiment ce que je faisais.
J'obéissais bêtement à des "règles" dictés par certains.
Depuis, je cherche à comprendre.
Car ici, c'est le potager du POURQUOI.
On se pose et se repose cette question, toujours, à chaque fois que l'on nous dit ce que nous devrions faire.
Pour être autonômes, libres, et confiants dans ce que l'on fait.
Et on se base, au maximum, sur des sources scientifiques. Ou très sérieuses.
Les plantes à avoir au jardin : les plantes pour héberger les auxiliaires, les plantes à effets répulsifs pour les "ravageurs" (Limaces, Pucerons, Rongeurs, ...)
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II. La communication non violente : démarche et exemples
Pourquoi ? Pour qui ?
La démarche de la communication non violente a pour objectif la transmission efficace d’un message à notre interlocuteur, dans le contexte d’un comportement qui nuirait à notre bien-être. Elle est facile à utiliser car elle sa structure est claire. Mais cette structure assez visible, justement, peut rebuter certains à l’utiliser.
Imaginons que vous voyez Paul partager sur facebook des photos de limaces découpées à l’opinel.
Vous vous sentez mal à l’aise avec ce comportement, et vous lui hurlez à la figure (surtout que j’ai fais exprès une synthèse de toutes les méthodes permas pour gérer les limaces au jardin !).
Ou alors, vous inspirez profondément, et appliquez la communication non violente 😉
Essayez aussi d’appliquer la communication non violente au quotidien (avec vos enfants qui laissent en permanence traîner des affaires dans le salon, ou dans votre couple, par exemple), des miracles peuvent se produire 😉
0. La communication non violente : résumé et exemples
La démarche de la communication non violente :
- J’observe un comportement concret qui affecte mon bien-être
- Je réagis à ce comportement par un sentiment
- Je cerne les désirs, besoins ou valeurs, qui ont éveillés ce sentiment
- Je demande à l’autre des actions concrètes qui contribueront à mon bien-être et à celui de tous
Par exemple : “Paul, quand je te vois découper des limaces à l’opinel, je me sens choqué et en colère, parce que je trouve ça important que la nature et les êtres qui la composent soient respectés inconditionnellement. J’aimerais donc que tu te mette à chercher une solution permettant de laisser les limaces de ton jardin en vie, ou alors, si tu ne conçoit pas ça comme envisageable, j’aimerais que tu t’abstienne de partager ce type de photos.”
“Mais…” allez vous me dire… “Sur un groupe facebook, ça fait pas un peu beaucoup d’efforts pour quelqu’un à qui on ne reparlera sûrement jamais ?”.
Oui, c’est vrai que c’est plus long et compliqué que de céder à la tentation de glisser un “pauv’ mec t’a rien compris à la vie toi”.
Mais quel en sera l’effet ?
Une insulte, un jugement, ou une critique, n’aura souvent pour premier effet que de mettre notre interlocuteur sur la défensive, et le conforter inconsciemment sur ses positions.
Le second effet d’une réponse de ce type sera de fermer notre interlocuteur à toute empathie, et de l’empêcher d’écouter véritablement ce que nous avons à lui dire. En réagissant de cette manière, il y a donc fort à parier pour que 1) Le ton monte, et les reproches et jugements fusent 2) Chacun reparte sur sa position initiale.
Cette démarche CNV semble “très carrée” lorsqu’on commence à essayer de la mettre en pratique : ça fait lourd, pas naturel. Oui, c’est vrai. Après, à vous de rendre ça le plus naturel possible. Mais même utilisée “brut”, ça marche.
Plus loin dans l’article, je vous donnerais des astuces plus “softs” qui nécessite moins d’engagement personnel (et moins d’exposition).
“D’accord, mais… si je fais affaire de mon ressenti personnel, ça ne sera surement pas le même pour tout le monde, et donc Paul se sentira libre de se comporter de la même manière face à d’autres personnes que moi, non ?”
Non, plutôt pas en général, car il est naturel pour notre cerveau de généraliser des besoins et sentiments propres à une personne, vers d’autres personnes partageant (ou semblant partager) un ensemble de valeurs communes : respect de la nature et des êtres vivants par exemple. Même si on n’y pense pas, c’est inconscient, et on fera attention la prochaine fois, avant de juger, critiquer, moraliser, ou insulter l’autre.
Appliquer la communication non violente avec un individu dont le comportement est régulièrement néfaste aux autres, à toute les chances de le faire progresser dans la bonne voie, et parfois de manière spectaculaire !
1. Observer sans évaluer : précisions et exemples
Vous êtes toujours là ? Allons-y alors, come on to découvrir plus précisément cette méthode de communication :
La première étape de la communication non violente, consiste à verbaliser le comportement concret qui affecte notre bien être. La difficulté est que cela doit se faire sans jugement ni interprétation ce ce comportement. Une simple observation des faits.
Par exemple, au lieu de dire “Notre voisin est un feignant”, nous dirons : “Je n’ai pas vu notre voisin sortir faire du sport, depuis un mois”.
Au lieu de dire “Maurice a été très désagréable, lorsque je lui ai posé une question”, nous dirons “Maurice m’a dit que j’étais stupide, lorsque je lui ai posé une question”.
Au lieu de dire “Paul n’a aucun respect pour la nature”, nous dirons : “J’ai vu Paul découper des limaces à l’opinel”.
D’ailleurs, si vous êtes attentif, mon sous-titre (mon paragraphe d’accroche) ne respecte pas du tout ce principe d’ “observer sans évaluer”. En communication non violente, il n’y a pas de suffisance ou de mépris. Il y a simplement des actes, des comportements, ou des mots, que je peux décider interpréter comme de la suffisance ou du mépris.
Rester factuel est très important pour que notre message ne soit pas rejeté d’emblé par notre interlocuteur -“Bien sûr que non je n’ai pas été désagréable, qu’est ce que tu me racontes”, dirait Maurice; “Evidemment que je respecte la nature”, nous dirais Paul-. Inclure un jugement ou une interprétation met l’autre sur la défensive, et, souvenez vous qu’il n’aura pas perçu le comportement de la même manière que vous.
Cet exercice est difficile, mais il en vaut la peine. Vous vous mettrez aussi à percevoir le monde sous un autre angle. “La carte n’est pas le territoire”, dirait Tony Robbins : le monde que vous percevez n’est pas identique au monde réel.
Selon le philosophe Indien J. Krishnamurti, observer sans évaluer est la plus haute forme de l’intelligence humaine.
2. Identifier et exprimer ses sentiments : précisions et exemple
Le deuxième étape, consiste à identifier et exprimer les sentiments nés du comportement de l’autre.
Que vous évoquent les photos des oeuvres de Paul, lorsque vous les voyez ? Vous sentez vous choqué, amer, attristé, ou plutôt furieux ? Essayez de mettre le doigt sur les sentiments qui vous habite. Puis, verbaliser-les pour en faire part à votre interlocuteur.
Ça pourrait donner : “Paul, quand je te vois découper des limaces à l’opinel (observation), je me sens choqué et en colère (sentiment)”
Partager ses sentiments vrais à notre interlocuteur l’aide à se relier à notre message.
Paul sait alors quels sentiments fait naître son comportement chez vous. Ses neurones miroirs, et sa capacité à l’empathie, s’activent alors.
Vos sentiments vous étant par ailleurs propres, ils ne peut les contester.
Faire part de ses sentiments agit comme un feedback fort au comportement de Paul.
La verbalisation de nos sentiments aide ainsi notre interlocuteur à mieux se relier à nos besoins. Besoins, que nous allons tout de suite apprendre à révéler et exprimer !
3. Identifier et exprimer ses besoins : précisions et exemple
La troisième étape, consiste à identifier et exprimer les besoins, valeurs, désirs, ou attentes insatisfaites, qui, chez nous, ont provoqué ces sentiments.
Pourquoi vous êtes vous senti choqué et en colère face au comportement de Paul ?
Est-ce parce que vous avez besoin que la nature, et les êtres vivants qui la compose, soit respectée inconditionnellement ? Est-ce plutôt parce que, plus précisément, vous avez besoin que les limaces (vous savez maintenant en effet qu’elles sont très utiles au jardin) soient laissées en vie et respectée ? Ou est-ce plutôt parce que Paul a utilisé votre opinel, et ceci sans vous demander votre autorisation, et que vous avez besoin qu’il vous la demande ?
Verbalisez à l’autre les besoins, chez vous, que son comportement n’a pas respecté.
Ce qui nous donne :
“Paul, quand je te vois découper des limaces à l’opinel (observation), je me sens choqué et en colère (sentiment), parce que je trouve ça important que la nature et les êtres qui la composent soient respectés inconditionnellement (besoin/valeur)”
Ici aussi, Paul ne peut qu’entendre vos besoins insatisfaits, qui vous sont propres.
Les verbaliser fait aussi office de feedback fort au comportement de Paul.
Faites attention d’assumer pleinement la responsabilité de vos sentiments. Si vous vous sentez choqué et en colère, ce n’est pas parce que Paul fait quelque choses qu’il ne faut pas faire (même si c’est le cas dans une conscience collective, en communication non violente nous raisonnons en terme de d’individus et de besoins propres), mais parce qu’il fait quelque chose qui ne correspond pas à vos besoins et valeurs. Et n’oubliez pas que, souvent, Paul ne fera pas ensuite uniquement gaffe à son comportement s’il est face à vous, mais aussi s’il se retrouve face à d’autres personnes.
Même s’il ne réagit pas directement positivement à votre message, celui-ci sera entendu et pris en compte par Paul. Chose qui n’aurait sûrement pas été le cas si votre message s’était limité à un jugement de son comportement.
4. Demander ce qui contribuerait à mon bien être et à celui de tous : précisions et exemple
La quatrième étape de la CNV consiste à demander à notre interlocuteur une action concrète qui contribuerait à notre bien-être, ainsi qu’à celui des autres personnes avec lesquelles cet individu communiquera par la suite.
Au cours des 3 étapes précédentes, vous avez permis à votre interlocuteur de se relier à vos besoins, et lui avait peut-être permis de comprendre véritablement pourquoi son comportement a pu vous heurter.
Maintenant, l’objectif est de demander à votre interlocuteur une action concrète qui contribuera, à l’avenir, à oeuvrer pour votre bien être, mais surtout -dans le cas où vous n’avez pas affaire à un de vos proches, comme pour l’exemple d’un membre d’un groupe facebook- pour le bien être des prochaines personnes qu’il croisera sur la toile.
Cette demande doit être faite sous forme positive (dire ce que l’on veut plutôt que ce que l’on ne veut pas), et doit être concrète.
Nous retrouvons notre message du début d’article : “Paul, quand je te vois découper des limaces à l’opinel (observation), je me sens choqué et en colère (sentiment), parce que je trouve ça important que la nature et les êtres qui la compose soient respectés inconditionnellement (besoin/valeur). J’aimerais donc que tu te mette à chercher une solution permettant de laisser les limaces de ton jardin en vie, ou alors, si tu ne conçoit pas ça comme envisageable, j’aimerais que t’abstienne de partager ce type de photos (demande).”
III. Les 4 manières d’accueillir un message négatif
Plus haut, nous venons de voir une démarche constructive pour répondre à un comportement négatif. Cette démarche s’articule autour de l’identification et l’expression de nos propres sentiments et besoins.
Mais, il y a une autre manière de réagir intelligemment à un message négatif (le message, contrairement au comportement, est plus dirigé vers nous : par exemple un message négatif peut être : “Pour poser une question pareille, tu n’as rien à faire dans un groupe de permaculture”) :
En fait, il y a en général 4 manières de réagir à un message négatif.
1. Entendre dans le message de l’autre un reproche ou une critique, et nous sentir fautif : ce type de réaction nous fais baisser dans notre estime de Soi, et, devenue habitude, elle peut nous conduire à l’instabilité émotionnelle voir la dépression. Ce n’est pas un comportement viable à long terme.
2. Rejeter la faute sur l’autre, en lui retournant son message négatif : ce type de comportement mène à des dialogues de sourds où l’empathie cède place aux reproches, jugement, etc…
3. Identifier ses propres sentiments et besoins : comprendre le lien (les besoins/valeurs non respectées) entre le comportement de l’autre et nos sentiments, pour pouvoir formuler une demande pertinente à l’autre, tout en en apprenant beaucoup plus sur nous-même. C’est le cœur de la démarche de la communication non violente, que je vous ai présenté ci-dessus.
4. Chercher à percevoir les besoins et sentiments de l’autre : cet état d’esprit nous permet de remarquer, que toute tension n’est le fruit que d’un écart entre un fait (un comportement, un message), et des besoins ou valeurs chères à chacun. Cela nous amène à prendre du recul, et à adopter une position adéquate dans un dialogue, ou même, plus généralement, dans une relation. Cette façon de réagir fonctionne très bien dans le cas de reproches formulées à notre égard. Par exemple si on nous dit : “tu es méchant de m’avoir dit une telle chose”. Nous chercherons à percevoir les sentiments de notre interlocuteurs, pour ensuite tenter de révéler ses besoins non respectés par notre comportement. Cela peut nous permettre de corriger un de nos comportement en l’adaptant tant que possible aux besoins de l’autre, et ceci sans sentiment improductif et néfaste de culpabilité envers nous-même. Nous essaierons de trouver quels sont les réels besoins de notre interlocuteur, par des questions du type : “tu te sens blessé car tu as besoin de plus de reconnaissance ?” ou bien “tu te sens blessé car tu voudrais que tes préférences soient prises en compte”, en fonction du contexte. Cette démarche de recherche d’identification et de verbalisation des sentiments et besoins de l’autre, est aussi un moyen de transmettre de l’empathie à notre interlocuteur, en lui montrant que nous cherchons réellement à le comprendre. Dans le prochain chapitre, j’aborde le pouvoir que peut avoir l’empathie dans des situations bloquées ou lors de conflits.
IV. Le pouvoir de l’écoute et de l’empathie : explication et exemple
Avez-vous déjà vu une personne qui semblait bloquée dans son comportement négatif ou improductif ? Saviez-vous qu’une bonne dose de compréhension, d’écoute, et d’empathie peuvent résoudre le problème ?
C’est ce que partagent Marshall B. Rosenberg et Tahl Raz dans leurs livres respectifs (“les mots sont des fenêtres” et “ne coupez jamais la poire en deux”, et c’est aussi ce que j’ai pu expérimenter.
Parvenez à identifier, à force de dialogue et de questions, quel est le “problème de fond” du comportement de votre interlocuteur. Mettre des mots sur une douleur ou une gêne, peut suffire à faire éclater l’abcès en douceur.
Donner de l’empathie à votre interlocuteur, par une écoute sincère et profonde, peut suffire à voir le problème se résoudre seul : la règle d’or est de ne pas lui couper la parole lorsqu’il s’exprime. Ne cherchez pas non plus à l’aider à trouver des solutions pour résoudre son problème, accompagnez-le simplement.
Un outil utile que vous pouvez utiliser : la paraphrase -de messages à forte charge émotionnelle surtout-, montre vraiment à l’autre que vous l’écoutez.
Un exemple de cela, tiré du livre de Marshall B. Rosenberg, que je vous conseille chaudement :
“Des infirmières demandèrent à une bénévole de l’hôpital qui venait de participer à un stage de CNV d’aller parler à une patiente âgée : “ Nous lui avons dit qu’elle n’était pas si malade que cela et que, si elle prenait ses médicaments, elle irait mieux, mais elle s’obstine à rester toute la journée dans sa chambre, à répéter qu’elle veut mourir.
La bénévole alla voir la vieille dame et, comme le lui avaient annoncé les infirmières, la trouva prostrée, murmurant sans cesse : “Je veux mourir”.
“Ainsi vous voulez mourir ?” demanda-t-elle avec empathie. Surprise, la vieille dame arrêta sa litanie et sembla soulagée. Puis elle se mit à parler, expliquant que personne ne comprenait à quel point elle se sentait mal. La bénévole continua à reformuler les sentiments de la patiente. Bientôt, une telle chaleur s’instaura dans leur dialogue que la bénévole prit la vieille dame dans ses bras. Les infirmières interrogèrent par la suite la bénévole sur sa “recette miracle” : la dame avait recommencé à s’alimenter et à prendre ses médicaments, et elle semblait plus joyeuse. Les infirmières avec certes tenté de l’aider en lui prodiguant conseilles et réconfort, mais ce fut le dialogue avec la bénévole qui lui avait fourni ce dont elle avait besoin : un lien avec un autre être humain, capable d’entendre son profond désespoir.”
Extrait de “les mots sont des fenêtres”, de Marshall B. Rosenberg.
L’écoute et l’empathie, comme vous l’aurez sans doute compris, vont de pair. Il vous sera difficile de trouver comment appliquer pleinement le pouvoir de l’empathie lorsque vous êtes sur Facebook (alors que ce peut être beaucoup plus facile avec vos proches). Concernant l’écoute des autres, par contre, vous pouvez contribuer à améliorer les choses sur des réseaux sociaux qui en sont souvent bien dépourvus.
Souvent, j’observe des publications de personnes demandant une identification d’insecte (par exemple) : ce n’est pas rare de voir des centaines de commentaires se suivre, les uns derrières les autres, pour répondre “larve de coccinelle”, alors que cela à déjà était dit près d’une centaine de fois dans les commentaires précédents. C’est dans ces moments, qu’il me semble nous voir nous perdre dans des tourbillons de paroles lancées en l’air, souvent sans autres buts que d’espérer, peut-être, recevoir un merci, un “j’aime”, une notification, une décharge de dopamine supplémentaire ? Est-ce que c’est ça l’esprit de la permaculture ? Je rêve d’un monde où chacun tente d’écouter l’autre avant de dire ce qui lui brûle les lèvres. Un monde d’écoute et de partage.
V. La communication non violente en résumé :
-
Face à un message ou comportement qui me déplaît et qui me pousse à réagir : j’applique les 4 étapes de la communication non violente–> Pour une efficacité maximale de transmission de mon message, sans diffusion de propos contre-productifs et nocifs (entre autres)
-
Lorsqu’un message négatif m’est dirigé directement : je cherche à comprendre les sentiments mais surtout les besoins insatisfaits de mon interlocuteur, qui l’ont poussé à réagir de cette manière–> Cette démarche empêche d’entendre le message de l’autre comme un reproche ou une critique, ainsi que l’auto-culpabilisation nocive et improductive qui en découle.–> Cette démarche empêche aussi de rejeter la faute sur l’autre, en lui retournant son message négatif : ce type de comportement mène à des dialogues de sourds où l’empathie cède place aux reproches, jugement, etc…–> Cette démarche permet d’améliorer notre compréhension des besoins de l’autre, pour soit nous permettre d’adapter notre comportement habituel dans le but d’améliorer le bien-être de notre interlocuteur (ou des prochains) (si nous avons le cœur d’œuvrer pour la satisfaction de ses besoins), soit pour permettre à l’autre de se sentir écouté et compris (surtout lorsque nous visons juste sur ses sentiments internes, et que nous les exprimons), lui permettant souvent alors de se libérer automatiquement de sa démarche négative et improductive.
-
Lorsque quelqu’un parle dans une conversation (ou commente une publication), j’écoute (je lis) son message, avant de chercher à dire ce qui me brûle les lèvres. Parler sans écouter, écrire sans lire ce qui a pu être commenté précédemment, voilà un des maux actuels de la vie sur les réseaux sociaux. La richesse d’une conversation tient souvent à la qualité d’écoute de ses membres. Quel dommage d’apercevoir parfois des dizaines voir des centaines de commentaires identiques sous une même publication…
-
Une personne bloquée dans un comportement négatif (qui lui dessert d’ailleurs souvent), n’a souvent besoin que d’écoute et d’empathie. Moins évident à mettre en pratique sur facebook, mais à tester pour voir des miracles se produire (cf exemple de l’article)
Au fait ! Ma barrière à limaces infranchissable est disponible !
VI. Un exemple concret de l’application de la communication non violente, pour une mise en pratique…
Voici un exemple de discussion qui illustre plutôt bien ce que l’on peut retrouver sur les groupes de permaculture (ou d’autres groupes bien sûr) : posté en l’occurrence sur un groupe de permaculture. Chaque encadré de couleur différente représente une personne différente.
L’exemple n’est pas aussi “évident” et “tranché” que ce que j’ai déjà pu donner en exemple, mais c’est volontaire.
En réponse à violet
En réponse à violet (suite)
En réponse à violet qui répond à vert (en gros) que son but n’est pas d’être pédagogue car il ne cherche pas à “recruter”
En réponse à orange, par rapport au commentaire de violet
Bleu (l’autrice du post), finit par ce message qui clôt les commentaires
Alors, qu’en pensez-vous ?
Petit jeu :
- Repérez les interventions qui ne vous semblent pas aller dans le sens d’une conversation bienveillante et empathique, mais surtout productive (qui sert à faire évoluer les choses durablement).
- Puis, à partir de ce que l’on a vu tout au long de cet article, imaginez ce qu’il aurait été préférable de dire.
Si vous y voyez un intérêt, essayer aussi d’appliquer ces principes dans votre quotidien, avec vos proches par exemple… Personnellement, ça m’a beaucoup apporté !
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Une belle synthèse de la cnv.
Cool, merci
Merci, avec plaisir 🙂