Le marc de café : une utilisation en puissant désherbant ? 

Le marc de café frais…

On en dit que c’est un très bon engrais… mais c’est tout l’inverse.

On raconte, que c’est le substrat de semis qu’il vous faut… mais c’est une incroyable erreur.

Contre les vagues de désinformations, toujours plus nombreuses et persistantes…

… Il reste une arche : la science.

Voici ce que la science dit du marc de café frais, et de son utilisation en désherbant : 

I. L’effet inhibiteur de croissance du marc de café, comme indice à l’effet désherbant : pour les retardataires

On l’a déjà abordé dans le principal article à ce sujet (sur l’effet inhibiteur de croissance du marc de café sur les plantes du jardin), traité de long en large (ainsi que les pourquoi et les comment), mais voici, rapidement, les résultats d’une équipe de chercheurs japonais, pour ceux qui ne la connaisse pas encore (ceux qui la connaissent, ne vous inquiétez pas, des nouveautés arrivent, plus bas) : 

3 mois après le mélange de marc de café à la terre, et 2 mois et demi après les semis de ces plantes, la masse des plantes récoltées (en ordonnée sur le graphique), a été mesuré.

(“Coffee residue” correspond au marc de café)

Les chercheurs ont observé un fort effet inhibiteur de croissance du marc de café sur les plantes. (À l’heure où tout le monde vante ses “bienfaits” en tant qu’engrais !! Mais bon… passons, je me suis déjà suffisamment tendu à ce sujet). 

Un certain Nick Lolonis, dont l’expérimentation a été publiée dans une revue de jardinage, a, lui aussi, fait une découverte étonnante : je vous le donne en une image :

(Ici aussi, comme vous pouvez le voir, très fort effet inhibiteur de croissance du marc de café sur ces plants de tomates. 

Ces études nous montrent clairement que le marc de café, utilisé frais, inhibe la croissance des plantes lors de la phase de germination.

Même si au vu des résultats précédents, on peut se douter de la réponse à la question suivante : qu’en est-il pour des plantes déjà germées, au système racinaire déjà bien formé 

II. Le marc de café utilisé comme désherbant.

Pour étudier l’effet potentiellement désherbant du marc de café, l’équipe scientifique de la première étude, a conduit une expérimentation spécifique :

Des terrains herbeux ont été tondus. Puis, du marc de café y a été déposé en surface (date de l’épandage : un 26 juin), en quantité variable selon les terrains : 4 kg/m^2, 16 kg/m^2, ou sans marc de café.

Le poids de l’herbe, ayant poussé suite à cet épandage de marc de café, a été mesuré, 171, 419, 565, et 694 jours plus tard (après l’épandage de marc).

(L’herbe a de nouveau été tondue à ces dates, pour en mesuré la masse : un terrain était dédié à chaque “date de tonte” bien sûr : lorsqu’un terrain était tondu à J565 pour mesurer la masse d’herbe, il va de soi qu’il n’avait pas été précédemment tondu. ).

Voici les résultats obtenus : 

Le graph A correspond à la masse d’herbes mesurée après 171 jours (171 jours après tonte initiale + dépôt de marc de café en surface, soit près de 6 mois), le B après 419 jours (1 an et deux mois), le C après 565 jours (1 an et 6 mois), et le D après 694 jours (un an et 11 mois).

((   Parenthèse pour ceux qui, comme moi, cherchent toujours à comprendre “pourquoi” : Vous vous demandez sans doute pourquoi une telle différence (de l’ordre de fois 10 !) entre les graphs A C (autour de 0.1 kg/m^2) et B D (autour de 1 kg/m^2), et je me suis moi aussi posé la question. En, fait, c’est tout bête ! : 

• 6 mois après le 26 juin (graph A), cela donne une récolte en plein hiver, autour de Janvier 
• Idem dans le cas d’une mesure faite 1 an et 6 mois après le 26 juin (graph C).

Au contraire :

• 1 an et deux mois après le 26 juin (graph B), on tombe fin août !
• et 1 an et 11 mois après le 26 juin, on tombe fin mai !

Il est donc normal que les masses herbeuses soient bien moins importantes en hiver (A et C), qu’à la fin du printemps ou en été (D et B) : car les saisons, au Japon (lieu où s’est déroulée l’expérience), sont assez similaires aux saisons françaises, du fait d’une latitude proche, même si leurs été sont plus pluvieux.

Fin de la parenthèse  ))

Sur le graphique de résultats ci-dessus, donc, on observe un véritable effet marqué (et significatif) de l’utilisation de marc de café comme “désherbant”, lorsque celui-ci est utilisé en concentration de 16kg/m^2.

Les parcelles concernées par ce “traitement” sont bien moins herbeuses que les autres, en Janvier de la première année.

Néanmoins, comme vous pouvez le voir, les herbes folles de cette parcelle finissent par rattraper leur retard avec le temps (même si un an après épandage du marc, la différence entre les parcelles reste significative).

Les chercheurs concluent ainsi que l’effet “désherbant” du marc de café ne durerait que 6 mois.

Vous pouvez donc, dans une certaine mesure, utiliser du marc de café en tant que “méthode douce” de désherbage, notamment, pourquoi pas (j’ai du mal à y voir d’autres applications intéressantes (et encore!)) pour préparer vos parcelles pour la prochaine saison. (ATTENTION : uniquement si vous êtes sûr et certain que les légumes qui y seront cultivés ne seront plus inhibés par du marc de café “composté” environ 6 mois. 

Pour cela, il faudra malheureusement tester par vous-même (j’explique ça dans la fin de l’article dont le lien est en intro et conclusion de celui-ci), si vous voulez éviter de très mauvaises surprises. (Sauf si ce sont des tomates que vous souhaitez y faire pousser : là, c’est sûr que c’est très mauvais pour elle) 

III. Quelques points de discussion, sur cette étude sur l’effet désherbant du marc de café, avant de finir :

Pour finir, il y a quand même quelques points sur lesquels je souhaite revenir : 

–> La quantité de 16 kg/m^2 de marc de café utilisé, peut vous sembler énorme, et irréaliste. 

C’est vrai, dans le cas où vous n’avez pas la possibilité de récupérer gratuitement de grosses quantités de marc de café (ce qui est assez facile, car souvent les bars en donnent, c’est un déchet encombrant pour eux). 

–>  Cette quantité peut sembler être, une fois étalée au sol, d’une telle épaisseur, que cela devrait naturellement faire écran à la lumière du soleil : et donc, les résultats du marc en tant que “désherbant” seraient trompée par ce simple effet, commun à tous nos paillis. 

Je me suis posé la question, tout en gardant en tête que, si une équipe de scientifiques agronomes avaient fait cette expérience, c’est que ce n’était pas idiot à faire. 

J’ai donc essayé d’estimer ce que représente cette quantité de marc de café : il se trouve que 16 kg/m^2, cela revient à 160g de marc de café par carré de 10 cm de côté. 

160g, c’est l’équivalent en poids d’une portion de pâte avant cuisson, pour une 

personne (bien moins dense que le marc de café). Ou des plus fines tablettes de chocolat (plus dense que le marc de café). 

On voit ici que l’épaisseur recouvrante ne sera pas énorme, et non comparable à celle d’un paillage. Surtout après les premières pluies tassantes.

De plus, il s’agit ici d’herbes déjà enracinées, que l’on recouvre ainsi : si, après 6 mois, quelques pousses ont belles et bien réussies à tenir le coup, il n’en aurait probablement pas été de même pour un paillage d’une même finesse.

On peut, par contre, regretter que cette expérimentation n’ait pas inclus, justement, de parcelle couverte par un fin paillage, ou même couverte par la même quantité d’une substance de même granularité, dans le but d’extraire la composante “écran au soleil” des résultats “désherbants” du marc de café.  

–> Finalement, il me semble que cette expérimentation a majoritairement été faite dans le but de montrer l’effet “désherbant” des substances contenues dans le marc de café. Cela, probablement selon un objectif d’utilisation de ces substances pour la synthèse future de désherbants à base organique (peut-être sans risques ?) aussi efficaces que les poisons de Monsanto ? 

Nous sommes nombreux à connaître l’intérêt de la présence de “mauvaises herbes” dans un jardin. 

Nombreux aussi, à savoir que de simples paillis, en couverture suffisante, permettent de ne pas s’inquiéter de problème de compétition entre ces herbes et les légumes de notre potager.

Mais, les besoins du marché sont là : nombreux sont les jardiniers qui cherchent du désherbant au magasin.

Si celui-ci peut être de meilleure composition, pour la santé de nos sols et de nos milieux, on ne va pas cracher dessus !

Je pense, que cette étude a été faite selon ces objectifs. 

Conclusion

Le marc de café a un effet inhibiteur de croissance très marqué, notamment durant la première phase de croissance d’une plante. 

En outre, même pour des plantes déjà bien développées (enracinées), le marc de café produit son effet : les parcelles sur lesquelles il a été épandu en quantité de 16kg/m^2 ont “bénéficié” d’un effet “désherbant”, qui persiste durant 6 mois. 

Peut-être que certains pourront trouver les bénéfices d’une telle information. 

Mais, si ce n’est pas le cas, ne vous prenez pas la tête : l’expérimentation a très probablement été originalement faite dans un objectif d’identification de substances actives -aux effets désherbant- du marc de café. 

Cela, sûrement dans un but de recherche sur les futurs désherbants “verts” de demain. Plus que dans la visée d’épauler le jardinier permacole de tous les jours !

L’étude dont je fais ici principalement référence : Yamane, K. et al. “Field Evaluation of Coffee Grounds Application for Crop Growth Enhancement, Weed Control, and Soil Improvement.” Plant Production Science 17 (2014): 102 – 93.

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Et oui, contrairement à ce que beaucoup (BEAUCOUP !) de monde pense, le marc de café frais a bien un effet inhibiteur de croissance pour les plantes.

Je vous ai fait un résumé des points essentiels de cet article (contenant aussi les résultats graphiques des études).

Vous pourrez ainsi garder sous la main ce que vous avez appris dans cet article, et le mettre sous le nez des personnes qui donnent du marc de café frais a leurs plantes..

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