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Atelier 1 sur 4 : avoir enfin la paix avec les moustiques : LA méthode.

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Note : retrouvez les sources sous la vidéo.

  • Créer une « bulle de paix »

Bonjour !
Alors que la belle saison débute, on se voit déjà tous dans nos hamacs, un chapeau en paille sur la tête, à lire un bon bouquin, à l’ombre de notre figuier.
On s’imagine déjà, un sourire comblé aux lèvres, arroser patiemment notre jardin, dans la tranquillité d’une douce fin de journée. On s’imagine manger sur notre terrasse avec des amis, en écoutant le petit-duc chanter …

Attention au dur retour à la réalité !
Pas sûr que ce soit aussi beau que dans nos rêves …
Les moustiques, ces doux pépères, on les oublie souvent lorsqu’ils ne sont pas encore là. On a tendance à oublier ce que gâche leur présence harassante.

C’est comme lorsqu’on rêve devant la carte postale d’une île sauvage paradisiaque. On oublie souvent les petites choses (moustiques, puces de mer, etc…) qui nous empêchent de profiter à 100% du moment présent… Jusqu’à ce que l’on soit sur place… Et qu’on ait (presque) envie de partir.
Oui, ces bêbêtes font partie du système naturel ! Oui, elles sont essentielles à l’équilibre de l’écosystème ! Mais, si on pouvait se créer une « bulle de paix », sans perturber le système naturel, ce serait quand même sacrément sympa. Non ?

Je crois profondément à la cohabitation paisible et agréable entre l’Homme et la nature. Le tout, je pense, est de savoir agir intelligemment, en gardant, à chaque instant, une vision globale des choses.

Vous créer intelligemment une « bulle de paix », c’est ce que je vous propose :
Je vous invite, dans cette série de 3 ateliers (voir les dates sur la page de l’évènement). Celui-ci est le premier, où je vous présente ma stratégie globale), à vous montrer comment diminuer intelligemment le nombre de moustiques présents dans votre jardin.
Je vais vous montrer comment, naturellement, vous ne vous ferez plus piquer par ceux qui restent.
Nous allons explorer, ensemble, des solutions pour vous créer cette fameuse « bulle de paix ».

A la fin de cette série de 3 ateliers :

  • Vous aurez un aperçu d’ensemble d’une stratégie globale de gestion des moustiques.
  • Vous aurez appris une stratégie de gestion long-terme des moustiques (le pourquoi et le comment)
  • Vous aurez appris une tactique de répulsion personnelle court-terme naturelle efficace (ainsi que le pourquoi de ce choix).

Et, une fois la stratégie globale bien mise en place :

  • Vous pourrez lire un livre à l’ombre sans devenir fou/folle
  • Vous pourrez arroser votre jardin sereinement, sans devoir surveiller vos mollets en permanence
  • Vous pourrez manger en terrasse avec des amis, sans vous intoxiquer à la fumée de citronnelle
  • Vous pourrez, si besoin, utiliser un répulsif corporel naturel vraiment efficace (et durable), sans craindre un cancer dans 20 ans.

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  • Trie, synthèse, articulation stratégique

La synthèse et vulgarisation d’informations, c’est un exercice que je commence plutôt bien à maîtriser :

Vous me connaissez sans doute déjà, pour la plupart, si vous lisez cela :
Passionné de permaculture et de vulgarisation scientifique, je suis professionnellement axé vers « l’ingénierie pédagogique » : je défends le fait que : « rien n’est assez complexe pour être décortiqué, clarifié, et expliqué en profondeur, mais simplement, et accessible à tous ! »

Je rédige pour l’instant de gros articles synthèses, dont vous appréciez le caractère complet et accessible, et sourcé de manière transparente. J’aime aller chercher des sources les plus fiables disponibles, allant dès que possible récupérer des articles scientifiques. Je me base aussi, tant que je le peux, sur les retours d’expériences des jardiniers, afin que « l’expérimental et le théorique » soient au plus proches de la réalité de chacun.

Grosso modo, ma méthodologie :

  1. J’ingurgite un maximum de contenus pertinents
  2. Je les digère, et les restitue selon une forme cohérente, où chaque chose trouve sa place.
  3. Je trie selon ce en quoi je crois : les combinaisons de solutions qui vont dans le sens de la Nature, et non contre elle.
  4. Je les rends digestes, et facilement compréhensibles (du mieux que je le peux en tout cas 😉)

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  • Gérer les moustiques au jardin : la stratégie


Nous pouvons faire un vrai parallèle entre la gestion des moustiques, et celles des limaces (par exemple) : une surpopulation de moustiques doit être régulée par une combinaison de stratégies de gestion long-terme et de tactiques court-termes.

Pour les limaces -vous le savez si vous avez suivi mes articles à ce sujet- la méthode consiste à favoriser la résolution long terme du problème par des aménagements durables du jardin (attraction des prédateurs, aménagement végétal, entre autres…).

Et, pour rendre viable ce temps de « rééquilibre » (qui ne se fait pas de lui-même, concernant le moustique), on utilise, en attendant, des « tactiques » de protection efficace.

Parmi ces tactiques, on trouve par exemple l’utilisation de barrière efficaces (pour les limaces), qui ne vont pas à l’encontre de la stratégie de gestion globale.

–> Concernant les moustiques, la stratégie long terme (le rectangle bleu de gauche sur le schéma) consiste en 3 principaux piliers :

  • L’action de limitation de la reproduction des moustiques : limiter le problème à sa source. Le pilier le plus important. Pour cela, il faut supprimer les lieux de ponte, et donc les eaux stagnantes. Et être méticuleux.

 

  • L’installation de prédateurs au sein de votre jardin : c’est une vraie solution durable au problème de moustiques (on verra dans le prochain atelier comment (et pourquoi) attirer un de ces prédateurs (ou + de ce prédateur) au sein du jardin).                                                                                                                Si on prend l’exemple des limaces : la présence de leurs prédateurs, c’est quelque chose d’essentiel à leur régulation durable. Il en va de même pour les moustiques, ou pour tout autre insecte ou animal : dans le règne du vivant, les proies et les prédateurs sont étroitement liés. Dans un milieu, l’augmentation du nombre de prédateurs fait nécessairement baisser le nombre de proies.

 

  • L’action sur l’aménagement (végétal) du jardin : réduire les zones favorables, créer des zones naturellement défavorables.

–> Au niveau du court-terme (le rectangle bleu de droite sur le schéma), le but consiste à combiner les tactiques de répulsion/distraction/diminution de l’attraction qui :

  • Fonctionnent le mieux, selon le contexte
  • Sont les plus pratiques à mettre en place, selon le contexte.

On trouvera :

  • Les écrans « olfactifs »
  • Les barrières physiques
  • Les tactiques de diminution de l’attractivité

On trouvera donc un éventail de « combinaison de tactiques », à mettre en place selon certains contextes.

La majorité des personnes luttent contre les moustiques en utilisant uniquement des tactiques court-terme.
C’est, selon moi, une erreur.
Il faut mettre autant d’énergie, voire plus, à construire des stratégies long-terme efficaces, car elles œuvreront en continue, en tâche de fond, pour résoudre durablement le problème.

Stratégies long terme, et tactiques court-terme, donc.
Mais, pas si vite.
Car, avant de pouvoir penser avoir une action de régulation efficace des moustiques, il faut les comprendre. Comprenez leur fonctionnement, leur mode de vie, et vous comprendrait l’intérêt des solutions que je vous propose. Sachez presque vous mettre « à la place d’un moustique », et vous serez autonome pour adapter (voir améliorer), ces solutions.

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  • Dans la tête d’un moustique

Il y a de nombreux points à aborder, pour comprendre le fonctionnement d’un moustique en profondeur.
Parmi ceux-ci, de nombreuses questions, pour de nombreux points à aborder :

  • Quelles sont les différentes espèces de moustiques, et quels sont les fonctionnements propres à chaque espèce ?
  • Quel est le cycle temporel de reproduction des moustiques ?
  • De quoi se nourrissent-ils ?
  • Par quel type d’environnement sont-ils attirés/repoussé ?
  • Comment repèrent-ils une « proie humaine » ?

Dans cet atelier, nous nous concentrerons sur les moyens qui permettent à un moustique femelle de repérer une « proie humaine » pour lui aspirer un peu de sang. C’est pratique, rapide, et ça nous sera très utile, pour comprendre comment on peut s’en protéger !

Voici le processus de détection d’une proie humaine par un moustique femelle :

  • À une distance (moyenne) de 15 à 10 m (en moyenne la détection commence à 15 mètres) d’un humain, le moustique femelle repère le panache de CO2 libéré (par notre expiration), et se rapproche de la source. L’attractivité est accrue lorsque le panache de CO2 est libéré de manière discontinue (c’est logique, car cela représente le rythme d’expiration d’un mammifère).

 

  • De 10 à 5 m (toujours en moyenne), le moustique repère les objets pouvant être des proies potentielles grâce au CO2 toujours, mais aussi grâce à :
    • Sa vue
    • Ses récepteurs de signaux chimiques : il détecte les signaux chimiques émis par notre corps (acide lactique, ammoniac, …). C’est ici que le moustique commencera à choisir entre une peau plutôt qu’une autre.

 

  • A partir de 5 mètres, la signature thermique de la cible (le rayonnement infrarouge créé par tout corps chaud) est détectée, ainsi que l’humidité (transpiration). Ces nouveaux indices de proies potentielles s’ajoutent aux indices précédents, aussi utilisés par le moustique à cette distance.

 

  • A partir de 20 cm, le moustique a déjà repéré sa proie, mais il se sert du rayonnement infrarouge de celle-ci pour choisir la zone la plus intéressante à piquer : les plus chaudes, donc mieux irriguées et plus facilement accessibles, sont les plus intéressantes.

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  • Pourquoi les moustiques ne sont pas attirés par la lumière

Une fois que l’on sait ça, il devient beaucoup plus facile de comprendre quelles tactiques sont les plus efficaces à mettre en place ! Et lesquelles sont inutiles ou presque !

Par exemple, vous aurez sans doute compris que les moustiques ne sont pas attirés par la lumière ! C’est une légende, et vous pouvez aérer en gardant les lumières allumées, ça n’attirera pas plus les moustiques que lorsque les lumières sont éteintes (contrairement aux autres insectes nocturnes, qui se repèrent majoritairement grâce à la lune).

Ce n’est pas moi qui le dis, mais Dr Pie Müller, entomologiste spécialisé en biologie des moustiques : je cite l’extrait d’une de ces interviews :

« M. Müller, les moustiques sont-ils attirés par la lumière ? »
« Le moustique trouve principalement ses victimes grâce au CO2 expiré – ils peuvent le détecter sur de grandes distances. Différents stimuli tels que l’odeur et la température du corps indiquent ensuite au moustique le chemin à suivre. Quelques espèces de moustiques sont certes attirées par la lumière, mais ce ne sont pas celles que nous connaissons en Suisse. »  (Pie Müller est Suisse, mais il y a fort à parier que les espèces de moustiques suisses et françaises soient globalement les mêmes.)

D’ailleurs, je ne sais pas si vous aviez remarqué, mais il n’y a pas de moustiques près des lampadaires des villes (enfin, pas plus qu’ailleurs du moins) : en effet, les moustiques potentiellement piqueurs, sont à la recherche active d’une proie. Et donc, ces moustiques suivent les panaches de CO2 libérés dans leur environnement.

Puis, ce n’est que lorsqu’ils sont assez proches (à partir de 5m en moyenne), qu’ils commencent à tracer la signature thermique : cela exclu, en partie, l’objection selon laquelle les moustiques peuvent être attirés dans les maisons par la chaleur des lampes : peut-être, mais seulement à partir de 5 mètres en moyenne. Ce n’est donc pas à rejeter en toutes conditions, mais peu probable dans la majorité des cas : sauf si (théoriquement) l’ampoule de votre lampe est située à moins de 5 mètres d’une ouverture vers l’extérieur. Mais un moustique femelle sera bien plus (et de très loin) attiré par votre présence dans la pièce !

Mais alors, et les lampe anti-moustique UV ?

Bonne question.

En fait, une étude, réalisée en 1997 par le laboratoire d’entomologie de Floride, a prouvé que sur 10 000 insectes volants tués par ces lampes, seulement 8 (oui, huit !) étaient des moustiques (source).
D’autres études ont été faites, et cette inefficacité a été confirmée : dans le meilleur des cas, le taux de “capture” maximum (et pas moyen) de moustiques n’atteint jamais plus de 2 à 4 % !

Avec, de plus, une inefficacité totale sur les moustiques tigre, qui sont majoritairement diurnes.

Les lampe anti moustique, c’est donc déjà inefficace, mais aussi terrible pour notre biodiversité, et terrible dans la philosophie que cela porte !

Utiliser une lampe anti-moustique, c’est comme pêcher à la dynamite en mangeant moins d’un poisson sur 100. Bref, utiliser une lampe anti-moustique, c’est un massacre !

Mais, comment se fait-il alors, que quelques moustiques se font tout de même piéger par ces lampes ? (On pourrait penser à un taux de mortalité de zéro).

C’est une question complexe, à laquelle je n’ai pas trouvé de réponse (et pourtant, croyez-moi, j’ai cherché !).

Mais, voici mon hypothèse : les quelques moustiques égarés qui se sont fait piéger ont : soit été attirés par la chaleur de la lampe, soit été attiré par le CO2 libéré par les insectes précédents qui ont grillés dans la lampe (car une combustion libère du CO2), soit un peu des deux (mais, ce qui m’étonne, c’est que la lampe n’a aucune signature chimique intéressante pour eux).

Bref, je vais m’arrêter là, concernant cette partie sur les méthodes de détection de proies du moustique ! 😊

 

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Réponse aux questions : 

Lors du sondage que j’ai effectué au sujet de cette formation, certaines personnes, réagissant peut-être au nom (création d’un jardin naturellement « sans » moustiques), m’ont demandé, si réduire le nombre de moustiques au jardin ne risquait pas de perturber l’équilibre de celui-ci ?

La réponse est non, si cela est fait intelligemment. En fait, c’est encore le même raisonnement qu’avec les limaces : pour ne pas risquer de créer de déséquilibre, il ne faut pas « extraire » les « indésirables » du système-jardin. Avec les moustiques, l’idée est globalement la même, même si des différences sont tout de même notables.

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Et voilà, c’est fini pour cette fois !

On verra, dans le 3ème atelier (dans 4 jours), une application concrète des connaissances ci-dessus sur les méthodes de détection de proies du moustique, pour la mise en place d’une tactique de répulsion efficace.

Et dans 2 jours, (2ème atelier), on verra, comme promis, comment attirer un prédateur (ou + de ce prédateur) des moustiques, au jardin, et pourquoi cela peut vraiment avoir un intérêt en terme de gestion long-terme du problème !

À lundi donc, si le coeur vous en dit !

Robin

 


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